A Tours, Indre-et-Loire, l'emprise de cette fouille correspondait à deux ensembles biens distincts : des espaces liés à l'Hôtel Dieu établi plus au nord et des maisons particulières alignées le long de la rue Jules Moineaux et de la Place François Sicard.

Dernière modification
18 mai 2016

Les niveaux médiévaux étant très mal conservés, les travaux ont surtout porté sur les vestiges antiques, et documenté principalement les quatre premières des huit grandes périodes de l'histoire du site.

L'îlot urbain du Haut-Empire

Les premières traces d'occupation sur le site, datées du règne de Tibère (14-37 de notre ère), se rapportent aux vestiges d'un bâtiment en matériaux périssables (alignement de blocs de calcaire et de trous de petits poteaux, foyer, sols).
Sous le règne de Claude (41-54), une rue (galets, fossé de drainage, trottoir) se met en place, ainsi qu'une première maison urbaine : une domus (élévation en terre sur des soubassements en pierres maçonnées, pot d'horticulteur indiquant l'apport de plantes pour un jardin d'agrément) et d'autres bâtiments (avec sols de béton blanc, cloisons en torchis sur sablières basses, latrines et puits). Une occupation domestique modeste (ou un commerce alimentaire) en matériaux périssables se développe également en bordure de rue et se maintient jusqu'au premier quart du IIe siècle.
Dans la première moitié du IIe siècle apparaît un nouveau bâtiment en dur présentant les caractéristiques d'une petite domus à péristyle (sols de bétons blancs, sols de terre battue), avec une cour-jardin à galerie couverte. Un portique est aménagé sur le trottoir, décelable par un alignement de plots en calcaire destinés à recevoir les poteaux soutenant une couverture.
Vers 150-200, l'espace resté non bâti au centre de l'îlot est utilisé comme dépotoir. Des ossements d'animaux reflètent la consommation carnée des habitants de l'îlot et révèlent la pratique d'artisanat à base d'os de boeuf.
Au milieu du IIIe siècle s'établit une boulangerie donnant sur la chaussée (couches charbonneuses, four à sole surélevée, meule de grande dimension).
La rue connaît des réfections par des apports de moellons de calcaire, conduisant peu à peu à un exhaussement de la surface du sol de l'ordre de 2 m. À partir de la seconde moitié du IIe siècle et jusqu'au IVe siècle, son entretien se poursuit par simples recharges.

Un « squat »

La rue est ensuite remplacée par un chemin (démontage du portique, formation d'une circulation de terre damée, de graviers et de tuiles à plat, creusement d'un fossé), puis est utilisée comme zone de stockage de gravats triés par type de matériaux et disposés en tas.
Au même moment l'entretien des domus cesse (toitures et murs s'effondrent), tandis que des traces d'occupation précaire semble indiquer le séjour de probables «squatters » (perforation des anciens sols en béton pour mettre des poteaux, piquets et fosses, indice de probables constructions en matériaux périssables).

La cohabitation de morts et de vivants ?

Quarante-deux sépultures, datées au carbone 14 (14C) entre le VIIe et le VIIIe siècle, en majorité en pleine terre, recouvrent ou recoupent des fosses dont le remplissage témoigne d'une occupation domestique entre le Ve et le Xe siècle.
Seize fosses, dont certaines peuvent être interprétées comme des latrines, et un puits correspondent à deux vagues d'occupation du site, respectivement aux VIe-VIIIe siècles, puis IXe-Xe siècles.

Le bourg des Arcis

L'occupation du site se poursuit avec l'implantation, entre le Xe et le XIIe siècle, de quatre unités de vie (palissade, maçonneries, celliers excavés ou fonds de cabanes délimités par des maçonneries en pierres sèches ou liées au mortier de chaux, avec sols en terre battue et emploi de carreaux de terre cuite, latrines, puits). L'ensemble, enclos dans le bourg des Arcis au XIe-XIIe siècle, subit un arasement au XIVe siècle.
Le XVIe siècle est marqué par l'apparition d'un bâti lié à l'Hôtel Dieu qui, depuis le XIIe siècle, offre une structure d'accueil aux nécessiteux. L'extension de l'établissement dans la partie nord-ouest du site est nommée par les textes comme « la cour de la buanderie » ; elle se caractérise par la présence de deux grandes latrines contenant un mobilier varié, parmi lequel des milliers de noyaux de cerises !