A Cahors, Lot, près de 6 000 m2 sont fouillés au coeur de la ville de Cahors.

Dernière modification
21 mars 2018

Les archéologues de l'Inrap procèdent à l'inventaire des éléments archéologiques avant de libérer les lieux et de permettre la suite des travaux. De très riches vestiges gallo-romains, médiévaux et modernes sont ainsi mis au jour.


L'Antiquité

Divona Cadurcorum, capitale des Cadurques romanisés, se développe durant les premières décennies de notre ère à l'intérieur d'un méandre du Lot de 200 hectares. Cette ville est déjà remarquable puisque représentée parmi 60 autres cités au temple de la capitale des Gaules à Lyon. Son importance peut être aussi perçue par l'existence de plus de 80 mosaïques, un grand aqueduc, des thermes publics, un théâtre et un temple circulaire, précédemment découverts.
La fouille a montré l'organisation urbaine de ce quartier à l'époque romaine, en mettant au jour : une rue, bordée d'un égout et orientée nord-sud, qui correspond à l'axe principal de la ville, le cardo maximus ; à l'ouest, un monument public, muni d'une colonnade délimitant deux nefs, qui suggère le plan d'une basilique ; enfin, à l'est, des murs larges de 1,20 m conservant 3,50 m d'élévation et munis de contreforts. Ces murs, constitués de moellons en calcaire soigneusement appareillés et liés au mortier de chaux, forment un arc de cercle identifié sur une longueur de 45 m, avec en arrière l'ouverture de voûtes. Ce schéma correspond selon toute vraisemblance au plan elliptique et aux vomitoires d'un amphithéâtre.

Le Moyen Âge

À la fin de l'Antiquité ou au début du Moyen Âge (IVe-XIe s.), alors que l'amphithéâtre est abandonné et en ruine, de grands bâtiments, d'environ 6 m sur 12 m, sont édifiés. Ils sont réalisés avec des remplois gallo-romains et liés à la terre, technique fréquente à cette époque mais encore très méconnue aujourd'hui. Ces édifices (maisons ou entrepôts) bordent la rue romaine ainsi qu'une autre rue est-ouest créée en avant de la rue Saint-Géry.
Parmi les vestiges médiévaux, ceux d'une construction monumentale ont été découverts. Ce sont de larges murs de 2 m, reliés à des contreforts profonds de 4,80 m, qui correspondent aux fondations d'une abside, étonnamment orientée nord-sud, que l'on peut rattacher à l'ancien couvent des cordeliers (XIIIe-XVe s.) qui se développe sous le collège Gambetta. D'autres éléments, datés de la même période, se rapportent à des édifices de brique : latrines publiques, caves d'édifices privés. On note la présence de plusieurs fours qui ont produit une céramique luxueuse à la fin du XVe s.

Les périodes moderne et contemporaine

Au début du XVIIe s., le quartier connaît une dernière phase de construction liée à l'arrivée des jésuites qui assurent un rôle important dans l'enseignement. Le plan des constructions issues de cette période, reproduisant des modules répétitifs, est parfaitement lisible. Ce sont les derniers bâtiments édifiés à cet emplacement avant que la ville ne transforme cet espace, en 1812, en promenades agrémentées d'un kiosque à musique, d'une fontaine (1870) et de monuments successifs dédiés à Fénelon (1820) puis à Gambetta (1884).

Un emplacement stratégique depuis 2 000 ans

L'exhumation de ces vestiges permet de remettre en question le schéma traditionnel de l'évolution de la ville. Il était établi que ce secteur correspondait au coeur de la cité romaine et qu'aux alentours du IVe s., la ville se rétractait vers l'est, à l'abri de fortifications édifiées le long de l'actuel boulevard Gambetta, et qu'aucune construction privée ou publique n'avait réoccupé cet espace avant l'époque moderne. Nous savons maintenant qu'il n'en est rien et qu'à l'occasion de chaque période d'accalmie, ces terrains, appelés Hortes, ont fait l'objet de réappropriations sous forme de faubourgs destinés à quitter les quartiers surchargés de l'est.