Conférences
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Mis à jour le
05 février 2018
Colloque
Archéologie de la santé – anthropologie du soin

Colloque international organisé par l’Inrap, en partenariat avec le Musée de l’Homme.
Les  30 novembre et  1er décembre 2016 à l'Auditorium Jean Rouch - Musée de l’Homme.

Archéologie de la santé – anthropologie du soin ; par Pascal Sellier, docteur en médecine, HDR anthropologie biologique

La lèpre, due au pathogène Mycobacterium leprae (découvert par Hansen en 1873), affecte les nerfs périphériques des humains, leur peau, leurs mucosités nasales et leurs yeux ; et conduit, si la maladie n’est pas traitée, à des dégradations (y compris osseuses) assez spectaculaires. Connue depuis au moins 600 avant notre ère en Chine, en Inde et en Égypte, son histoire inclut des lésions osseuses découvertes par l’archéologie (en particulier en Europe médiévale) comme, plus récemment, des travaux de génomique comparative ; c’est, encore de nos jours, un problème de santé publique de dimension mondiale.

En Polynésie, la maladie est bien identifiée à partir de la seconde moitié du xixe siècle, c’est-à-dire à partir de l’installation de la colonisation européenne, concomitamment d’ailleurs à l’introduction de la tuberculose (due à un autre Mycobacterium) qui y fera des ravages.

La diagnostic macroscopique d’un cas ancien de lèpre sur un squelette de Manihina (île de Ua Huka, groupe nord des Marquises), daté du XVe siècle de notre ère (plus de 300 ans avant la découverte de ces îles), est le premier cas jamais décrit en paléopathologie pour la Polynésie « pré-contact ». Cela permet de discuter de nouvelles hypothèses sur la circulation des Hommes et des germes pathogènes mais aussi, du point de vue social, sur l’intégration de ce sujet, à travers des pratiques funéraires complexes, sans relégation ni ostracisme, au cœur d’un ensemble sépulcral important.

Pascal Sellier (docteur en médecine, HDR anthropologie biologique) , Chargé de recherche au CNRS comme archéo-anthropologue dans l’unité Éco-Anthropologie et Ethnobiologie (UMR 7206)

Il a travaillé auparavant au Laboratoire d’anthropologie des populations du passé de Bordeaux (UMR 5199), puis dans l’équipe Ethnologie préhistorique de Nanterre (UMR 7041 Archéologies et Sciences de l’Antiquité). Il enseigne dans le cursus d’archéologie de l’université Paris 1-Panthéon-Sorbonne. Il est issu d’une triple formation en médecine, en archéologie et en bioanthropologie qu’il a mise à profit pour se spécialiser dans la compréhension de la culture, du mode de vie, des maladies, de la démographie, des rites funéraires et de la biologie des populations anciennes, à travers l’analyse des squelettes humains, des sépultures et des pratiques mortuaires. Homme de laboratoire mais aussi de terrain, il a surtout travaillé sur des périodes correspondant aux débuts de l’agriculture et de l’élevage (Néolithique) en Europe (grandes sépultures collectives de la fin du Néolithique), ainsi qu’au Pakistan (cimetières des premiers agriculteurs du sous-continent indien) et actuellement au Soudan, en Haute-Nubie (cimetière Kadruka 23, dans la vallée du Nil) ; mais aussi dans des contextes chronoculturels assez différents, comme le site de Saint-Benoît de Prague (époque moderne) et le cimetière pré-européen de Manihina dont il a co-dirigé la fouille (île de Ua Huka, archipel des Marquises, Polynésie française).

Bibliographie

  • Bailleul M. (2001), Les îles Marquises. Histoire de la Terre des Hommes Fenua Enata du xviiie siècle à nos jours, Ministère de la Culture de Polynésie française, Tahiti (Cahiers du Patrimoine, 3).
  • Britton W. J., Lockwood D. N. J. (2004), « Leprosy »,. The Lancet, 363, p. 1209-1219.
  • Roberts C. A., Lewis M. E., Manchester K. eds. (2002), The Past and Present of Leprosy. Archaeological, historical, palaeopathological and clinical approaches, Oxford, Archaeopress, British Archaeological Reports, BAR International Series S1054.
  • Sellier P. (2015), « Sépulture finale et programme funéraire. penser les différents gestes funéraires des anciens Marquisiens comme les étapes d’un même protocole », in Delaplace G, Valentin F. (eds.), Le Funéraire. Mémoire, protocoles, monuments, Paris, Éditions de Boccard, p. 243-254.
Année :
2016
Durée :
22'39"