Ilot du Jeu de Paume

Plan de localisation de la fouille.  Îlot du Jeu de Paume, Orléans (Loiret), 1993-1996.  © Hervé Herment, Inrap
Plan de localisation de la fouille. 
Îlot du Jeu de Paume, Orléans (Loiret), 1993-1996. 
© Hervé Herment, Inrap

Description

Le site se trouve dans le secteur du port de la ville antique d'Orléans. Des travaux d'aménagement ont offert l'opportunité, en 1993, de conduire une fouille afin d'en savoir plus sur ce secteur et d'analyser les états successifs du quai antique. L'exploration a également permis de mettre au jour des vestiges d'habitat et d'artisanat médiévaux et modernes.  

Résultats

Cinq quais gallo-romains 
La fouille a mis en évidence cinq états successifs de quai d'époque romaine. Le premier quai observé, daté du dernier quart du Ier siècle avant notre ère, est en retrait de 82,80 m de la berge actuelle de la Loire. Il est formé de remblais de calcaire recouverts de niveaux de circulation constitués de galets et de sables alluviaux. L'ensemble est maintenu par des poteaux, technique courante à l'époque de la construction. Le quai suivant, mis en place vers le changement d'ère, représente une avancée de 10,80 m. Il est constitué de remblais maintenus par des poteaux supportant un platelage (assemblage de planches). Utilisé jusque dans les années 30 de notre ère, le troisième quai gagne un peu plus de 5 m vers le fleuve. Le mode de construction se rapproche du précédent. Le quatrième quai représente une avancée d'environ 7 m vers le sud. Il a une durée d'existence d'environ 20 ans. Le dernier quai observé semble ne perdurer qu'une dizaine d'années. Sa limite est située en dehors de la zone fouillée. 
En 1994-1995, la fouille de l'îlot Nazareth, localisé à quelques mètres au nord-est de l'îlot du Jeu de Paume, a livré des vestiges d'entrepôts contemporains des quais. Ces deux interventions ont permis de constater que les installations portuaires antiques avaient été le fruit d'un vaste programme d'aménagement des berges du fleuve. 

Habitat médiéval et artisanat moderne
À la fin du IVe siècle, la construction du rempart coupe les quais du fleuve. Les installations portuaires semblent alors remplacées par des jardins. Un nouveau port est constitué plus en aval, près d'une porte aménagée dans l'enceinte. 
Ce n'est qu'au XIIIe siècle que le site est réoccupé, probablement par des habitations civiles. Seuls quelques murs sont conservés, ainsi que des puits, des dépotoirs et des latrines. 
Du XVe au XVIIIe siècle, des tanneries se développent sur le site, matérialisées, notamment, par des bacs de tanneurs (servant à faire tremper les peaux avant tannage ou pour les teindre). Dans le courant du XIXe siècle, les terrains sont englobés dans les usines Dessaux, productrices de moutarde et de vinaigre.

Pascal Joyeux