A Nantes, Loire-Atlantique, réalisation de nombreux sondages dans la cour d'honneur du château de Nantes préalablement à la pose des réseaux desservant le nouveau musée.

Dernière modification
19 février 2016
Chaque sondage, limité en surface et en profondeur, a été rebouché préalablement à l'ouverture du suivant. Le cumul en plan des résultats de chaque sondage fournit une vision largement renouvelée des éléments défensifs et résidentiels qui se sont succédé sur le site depuis la période gallo-romaine.

Nous avons ainsi pu mettre au jour l'angle sud est de l'enceinte gallo-romaine de la ville de Nantes (Portus Namnetum), une tour ronde (tour « philippienne ») tangente à la face interne de la muraille et de nombreux éléments d'un ensemble fortifié s'appuyant contre la face externe de l'enceinte, dans l'axe de la grosse tour. Tous ces vestiges sont particulièrement bien conservés, l'ensemble du site ayant été remblayé de plus de 2 m lors de la construction du nouveau château ducal à la fin du XVe s.

La portion dégagée de l'enceinte gallo-romaine comporte une tour hémicylindrique pleine, (une autre existe encore incorporé dans le bâtiment dit « Vieux Donjon »). Incorporée dans le château comtal au plus tard au début du XIIIe s., l'enceinte a été restaurée et modifiée, la courtine percée de deux portes aux piédroits en granit ayant conservé une partie de leurs gonds, la tour transformée en tourelle d'escalier à vis.

La tour « philippienne », qui a donné son nom au château (Castel de la Tour Neuve), a été, d'après les textes, construite à partir de 1207, dégagée sur près de la moitié de sa circonférence. Elle possède une porte au sud est, traversant l'enceinte gallo-romaine, et un escalier à vis ménagé dans l'épaisseur du mur. Il semble qu'elle ait été, à l'origine, précédée à l'ouest d'un bâtiment comportant une ouverture en ogive et ceinte d'un fossé. L'ensemble était limité au sud-ouest par un large mur se raccordant sur l'enceinte gallo-romaine au niveau de la tour. Dans un état postérieur, une salle voûtée est aménagée dans la partie nord-est du fossé tandis que la partie ouest et le bâtiment annexe sont partiellement remblayés pour l'installation d'une voie pavée aboutissant à une porte percée dans la muraille gallo-romaine. Il est probable que cette « voie » constituait une rampe assurant la communication entre une « cour haute », intra muros et une « cour basse » située hors les murs.

Dans ce secteur « hors les murs », entre l'enceinte gallo-romaine et la rive de la Loire, les sondages ont révélé l'angle sud-ouest d'un ensemble fortifié dont le front est était déjà connu par les fouilles des années 1930 et 1990. La courtine sud est percée par une poterne parfaitement conservée, défendue par un assommoir. L'accès à la poterne se fait par un couloir intégré à des bâtiments appuyés contre les courtines. L'angle entre les courtines, initialement renforcé par un massif quadrangulaire plein, est, dans une seconde phase, rhabillé par une tour polygonale (sur une base d'octogone régulier) creuse. Dans une troisième phase, des bâtiments viennent s'appuyer contre la face externe de la courtine ouest. L'altitude de leurs sols, carrelés et dallés, et des conduits d'évacuation d'eau semble indiquer qu'ils sont installés sur une terrasse nettement plus haute que le sol de la cour et du couloir menant à la poterne. L'origine et les différentes phases de ces constructions sont pour l'instant très mal datées ; les tours polygonales sont toutefois traditionnellement attribuées au XIVe s. et l'arasement et le remblaiement final sont intervenus à partir de 1466 pour la construction du château du duc François II.

Plusieurs vestiges d'éléments disparus du château fin XVe s. ont également été mis au jour, notamment les soubassements de l'aile du Lieutenant du roi, la base de l'escalier ancien desservant les différents niveaux et le chemin de ronde de la Tour du Fer à Cheval. Le dégagement de la partie basse de la courtine sud (de Loire) à proximité de la poterne de Loire a révélé que celle-ci desservait initialement une cour basse située plus de 4 m sous le niveau actuel. Le dégagement et l'étude des accès anciens (fin XVe s.) aux tours et aux défenses basses ont confirmé que  l'ensemble des parties du « nouveau château » situées hors les murs de l'ancien qui a un sol bas. Le remblaiement et la mise générale à un niveau proche de l'actuel ne s'effectuant que lors de l'achèvement des travaux par François Ier roi de France dans la première moitié du XVIe s. Certains éléments inachevés sont démolis ou remblayés (bâtiment en avant de la Tour du Port) d'autres sont terminés à l'économie (Courtine de Loire).

Les servitudes et les bâtiments postérieurs au début du XVIe s. (y compris les défenses bastionnées modernes) ont beaucoup souffert des réaménagements successifs du château, les travaux ont cependant permis d'en retrouver de nombreuses traces.

Parallèlement aux sondages, il a été possible d'effectuer des relevés précis de deux salles souterraines et de plusieurs postes de tir  jusqu'à présents inédits.