Sur 9 000 m², une équipe d'archéologues de l'Inrap fouille, sur prescription de l'État (Drac Pays-de-la-Loire), le site de l'ancienne clinique Saint-Louis à Angers.

Dernière modification
19 février 2016

Elle met actuellement au jour les vestiges d'un sanctuaire voué au culte de Mithra, dieu d'origine indo-iranienne.


Vase ex-voto et dédicace

Plusieurs inscriptions dédiées à Mithra ont été mises en évidence. L'une d'elles a été pratiquée avant cuisson sur un vase des célèbres ateliers de Lezoux, dans le centre de la France, qui fabriquèrent durant la période gallo-romaine une abondante vaisselle en céramique sigillée. Il s'agit d'un ex-voto d'un dénommé Genialis, citoyen d'une cité autre que celle des Andécaves ou Andes (peuple gaulois dont la capitale est Angers). D'autres fragments comportent le nom du dieu ou la fameuse locution « Au dieu invaincu ». Une autre inscription, écrite en grec sur quatre lignes dans un cartouche ouvragé en tuffeau, entouré de palmettes, a également été mise au jour. Un dénommé Theophilos pour Retituitos ( ?), fils d'Oly(mpos) a fait un voeu. Ces deux dédicaces peuvent donc attester une aire d'influence du mithraeum d'Angers, bien au-delà du territoire des Andes.

Un visage martelé

Une tête en pierre, coiffée d'un bonnet phrygien, la face volontairement martelée, était abandonnée dans un angle du bâtiment. Il s'agit peut-être celle du dieu Mithra, ou de l'un des dadophores.

Le dieu Mithra

Le culte de ce dieu, originaire de Perse, a été rapporté par les légionnaires menant campagne en Arménie sous le règne de Néron. Il se répand ensuite dans l'Empire à partir de la fin du Ier siècle, colporté par les militaires et les marchands. Le culte et ses rites initiatiques (banquets, sacrifices, etc, ...) se pratiquent toujours dans de petites chapelles voûtées. Elles symbolisent la caverne originelle de Mithra.
De fortes similitudes avec certaines pratiques monothéistes, telles que l'eucharistie ou le baptême par exemple, en ont fait l'ennemi du christianisme. C'est pourquoi les chrétiens s'acharnèrent à détruire les lieux du culte mithraïque après l'interdiction des cultes païens en 392 par l'empereur Théodose.

Perspectives

On retrouve à Angers les éléments caractéristiques de l'architecture et du mobilier d'un mithraeum. La conservation du temple, un mobilier inédit, sa situation géographique en font un site exceptionnel. Cette découverte importante s'inscrit dans les quelques mithraea connus à Bordeaux, Strasbourg, Biesheim, Septeuil (Yvelines), Tirlmont (Belgique), Martigny (Suisse), Rome, Ostie, Lambèse (Afrique du Nord), etc...
Elle ouvre de remarquables perspectives de recherches sur Angers, notamment sur la christianisation au IVe siècle faisant ainsi suite à la fouille tout aussi notable de la place du Ralliement en 2008 dans le cadre de l'opération tramway (fouille réalisée par l'Inrap). La nature même du sujet le place bien plus largement dans la perception souvent difficile des débuts de la religion chrétienne à la fin de l'Empire ainsi que dans la connaissance même du culte de Mithra.