À Romans-sur-Isère, dans la Drôme, une fouille est menée sur deux secteurs du contournement nord-ouest de Romans.

Dernière modification
18 juillet 2017

Sur le premier tronçon sud-ouest, long de 170 m, une fouille ouverte sur plus de 8 000 m2 englobe la chaussée et deux bassins de collecte des eaux. Les vestiges apparaissent à 0,50 m de profondeur sous les sillons des labours et dans les sables et cailloux de l'ancienne terrasse de l'Isère (retirée aujourd'hui à un kilomètre plus au sud).

À 2 km environ au nord-est, un second tronçon de route, de 600 m de longueur, et l'emprise d'un bassin couvrent 13 000 m2. Un épais recouvrement d'alluvions apportées par les cônes de déjection de ruisseaux et de colluvions a enfoui les vestiges sur 1 m à 2 m.

L'ensemble de la fouille a révélé une occupation de ce secteur de la plaine de Romans depuis le VIIIe s. av. J.-C.
Sur le premier site sud-ouest Aux Meilleux, un aménagement de berge d'un paléochenal comblé de sable a été retrouvé. Un ensemble de 350 tessons, datés de la seconde moitié du VIIIe siècle av. J.-C., et quelques ossements animaux proviennent du chenal, sans doute utilisé en dépotoir domestique par un établissement proche. C'est l'occupation la plus ancienne reconnue.

Sur le second secteur Les Prêles, deux phases d'occupation de l'âge du Fer ont été identifiées sur environ 1 200 m2. La première est attestée par une fosse isolée, comblée durant la première moitié du VIIe s. av. J.-C., la deuxième, par un petit établissement rural, à proximité immédiate d'un chenal, composé de vingt structures (foyer, radiers de sols, calages de poteau, fosses et dépotoir) datées de la fin du VIe ou du début du Ve s. av. J.-C. L'abondant mobilier archéologique retiré du sable du chenal témoigne de contacts et d'échanges avec le Nord hallstattien et le Midi méditerranéen. Quelques artefacts dispersés dans les niveaux de recouvrements, du Bronze ancien, du Bronze final 2a et 3b, et de La Tène finale indiquent une occupation durable de la plaine.
 
Au début de notre ère, plusieurs bâtiments et une vaste aire de fosses artisanales sont installés 200 m plus à l'est. Plus de cent fosses, quadrangulaires ou circulaires, à fond plat (0,40 à 1,20 m de largeur et 0,30 à 0,60 m de profondeur conservée), rubéfiées pour la plupart d'entre elles sur les parois verticales et au fond, contiennent un dépôt charbonneux peu épais. Probablement creusées successivement, elles ont été arasées et comblées lors des recouvrements du site par inondation ou colluvionnement ; elles sont parfois groupées, se recoupant entre elles. L'ensemble de ces fosses, réparties sur plus de 2 000 m2, semble s'organiser selon les axes généraux des bâtiments qui les entourent. Aucun indice d'un artisanat particulier (scorie, battiture, restes osseux ou végétaux) n'est apparu dans leur comblement. Les quelques fragments de céramique mêlés au comblement datent du début du Ier siècle après J.-C.

Trois bâtiments bordent cet espace (cour ?). Le premier, à l'est, présente un plan rectangulaire de 130 m2 divisé en deux pièces. Les angles de deux autres constructions, situés en limites nord et sud de la fouille, se développent principalement hors emprise. À l'extrémité est, un chemin caillouteux, creusé d'ornières, longe un quatrième bâtiment qui se poursuit sous la berme nord. Les sols ont disparu et les constructions en galets, ou en blocs et moellons de molasse, sont les fondations des murs. Les niveaux d'abandon qui les recouvrent contiennent des céramiques du IIIe s. après J.-C.

Près de 80 calages ou simples trous de poteau antiques prolongent l'emprise antique sur près de 200 m vers l'ouest ; quelques courts alignements se distinguent mais aucune organisation particulière ne peut être restituée avec certitude. Plusieurs chenaux et un fossé d'irrigation, comblés de sable, traversent le secteur.

La découverte la plus inattendue concerne le site des Meilleux au Moyen Âge. Vingt fours de potiers, ainsi que des fonds de bâtiments et des fosses d'extraction et de travail de l'argile apparaissent au décapage, sur 6 000 m2 environ. Des potiers installés à leur tour sur ce premier site fabriquaient des pots dits à « fond marqué », caractéristiques des Xe-XIe s. dans le Dauphiné et le Lyonnais. L'atelier de Romans est le premier lieu de production découvert.

Le secteur des Prêles fut également réinvesti, vers le XIe s. Une trentaine de silos s'inscrivent dans cette partie du tracé du CNOR sur 300 m de longueur. Ils sont découverts, réutilisés en dépotoirs, comblés de sable et de limon mêlés de cendres, charbons, céramiques et déchets organiques. Les habitations associées devaient se trouver à proximité.

Enfin, plusieurs inhumations furent pratiquées au cours du Moyen Âge. Trois petits groupes de deux à cinq sépultures sont répartis sur 2 km : près des bâtiments gallo-romains, près des silos et à proximité des fours de potiers. Découverte plus anecdotique, deux bovins furent enterrés à l'époque gallo-romaine, au milieu des fosses artisanales.

Ainsi, ce secteur de la plaine, sans doute traversé par un axe routier de tradition ancienne, mais aussi largement irrigué par de nombreux rus et ruisseaux, et apparemment souvent inondé, a, durant 2 700 ans, périodiquement favorisé l'installation d'établissements ruraux à vocation plus ou moins artisanale et commerciale.