La fouille, menée par les archéologues de l'Inrap, a livré de nombreux vestiges témoignant de l’urbanisation du quartier à l’Antiquité, et plus précisément entre la première moitié du Ier siècle et le IIe siècle de notre ère.

Dernière modification
07 novembre 2016

L’Inrap mène, depuis le 1er août 2016, une fouille préventive sur la commune de Rezé, avenue des Treilles, dans le quartier Saint-Lupien. Prescrite par la Drac Pays de la Loire (service régional de l’Archéologie) sur une surface de 600 m2, elle intervient en amont d’un projet de construction d’une maison individuelle. Elle a pour objectif de prélever et recenser le maximum d’information, afin de restituer par l’étude les occupations successives du site. Une fois la fouille achevée, les études des spécialistes se poursuivront en laboratoire et permettront d’affiner les observations de terrain.

Un site dans le quartier Saint-Lupien de Ratiatum

L’opération s’inscrit dans un contexte bien particulier, puisqu’elle se situe dans le périmètre de l’agglomération antique de Rezé, à seulement quelques mètres au sud-ouest d’une fouille programmée qui, entre 2005 et 2016, a révélé les vestiges d’un quartier portuaire et commercial (dit quartier Saint-Lupien en raison de la chapelle à proximité). L’agglomération antique de Rezé est sûrement celle de Ratiatum, citée par Ptolémée (90 -168 ap. J.-C.) et Grégoire de Tours (539-594). Cette création ex nihilo, relevant de la cité des Pictons, a été établie sur le flanc nord d’un coteau, en bordure de la Loire, dès les années 15-10 avant notre ère. Son urbanisation se développe surtout à partir des années 15-20 de notre ère. Quelques édifices remarquables y ont été identifiés : thermes publics, domus à cours centrales, entrepôts. Ces derniers ont été construits en lien avec des aménagements portuaires en bordure de la Loire, sous la forme d’un quai, d’un mur de berge et de plates-formes techniques aménagées avec des caissons de poutres de bois et dalles de schiste. Les témoignages d’activités artisanales y sont également nombreux (métal, céramique, verre, etc.).

Des bâtiments et des espaces de circulation de la ville antique

La fouille de l’avenue des Treilles vient compléter le plan des vestiges de cette agglomération antique et plus précisément du quartier Saint-Lupien. Cette petite fenêtre a révélé les vestiges de trois constructions bordées par des espaces de circulations, et de leur évolution entre le Ier et le IIe siècle de notre ère. Dans le courant du premier siècle, deux bâtiments sont construits, de part et d’autre d’une rue et d’un espace piétonnier. L’absence de sols conservés à l’intérieur de ces constructions ne permet pas de préciser leur fonction exacte. Toutefois la taille et le mode d’aménagement de l’un des bâtiments laisse supposer qu’il était utilisé comme entrepôt, ou à usage public.

Les différentes observations menées par les archéologues montrent également qu’ils ont subi par la suite des aménagements, avec l’ajout de nouveaux murs constituant une galerie établie sur la rue et les espaces de circulation adjacents. Sans doute à cette même période, un troisième bâtiment voit également le jour en vis-à-vis des premiers. L’ensemble des constructions s’articule alors autour d’un carrefour de rues. Les espaces de circulations sont caractérisés par des niveaux très damés constitués de cailloux et de tuiles, à la surface desquels les traces d’ornières laissées par le passage des véhicules sont toujours visibles. L’usure induite par la fréquentation de ces rues a également entraîné leur réfection avec l’ajout de nouveaux matériaux. La poursuite de la fouille permettra de mettre au jour les vestiges plus anciens, établis au contact du substrat et qui apparaissent sous la forme des creusements dans le sol. Ces derniers pourraient être les vestiges de constructions en bois, poteaux ou sablières basses, témoins des premières occupations des lieux.    

Maître d’ouvrage : Particulier
Contrôle scientifique : Drac Pays de la Loire
Recherches archéologiques : Inrap
Directrice adjointe scientifique et technique : Hélène Jousse, Inrap
Responsable scientifique : Marie-Laure Hervé-Monteil, Inrap