Une équipe d'archéologues de l'Inrap fouille actuellement les secteurs du musée des beaux-arts et d'archéologie concernés par la rénovation menée par la Ville de Valence.

Dernière modification
26 février 2021

En 2003, la fouille de la place des Ormeaux avait permis d'identifier le premier quartier résidentiel de l'évêque qui succédait, à partir des IVe-Ve siècles à un habitat du début de notre ère. Aujourd'hui, les archéologues mettent au jour un petit bâtiment de spectacles antique, peut-être un odéon. 

Durant l'Antiquité, l'évolution d'un quartier d'habitation

Durant l'Antiquité, l'évolution d'un quartier d'habitation
L'habitat antique, reconnu sous la place des Ormeaux en 2003, se poursuit sous l'ancienne conservation du musée objet de cette dernière campagne de fouille. L'ensemble de cette occupation est daté du début de notre ère.
C'est sans doute à partir de la deuxième moitié du premier siècle qu'est mis en place un bâtiment de type monumental. Il supplante le quartier d'habitation.
Il s'agit d'un bâtiment de spectacle de petite dimension. Ainsi, le mur de 1,40 m de large construit avec beaucoup de soin en petits blocs de grès calcaire mis au jour à l'emplacement du jardin et dans la cour d'honneur du musée correspond vraisemblablement au mur de scène de ce bâtiment. Il s'étend sur 35 m de longueur. Un mur à abside de 12,50 m de diamètre mis au jour dans l'ancienne salle d'exposition archéologique du musée correspond au mur de l'orchestra.
Dans cette même salle, l'esquisse d'une seconde abside à mur double avait été aperçue. La fouille actuelle révèle que cette seconde abside, caractérisée par ce mur double se poursuivait sous les bâtiments de l'ancienne conservation. Elle constitue la limite externe de la cavea (partie d'un lieu de spectacle où se trouvent les gradins). Enfin, trois segments de gradin, à l'angle sud ouest de l'ancienne conservation, permettent d'affirmer qu'il s'agit bien d'un bâtiment destiné aux spectacles.
Mais s'agit-il d'un petit théâtre ou d'un odéon ? Les dimensions très réduites de ce bâtiment (35 m de diamètre) plaident en faveur de cette dernière hypothèse.
De plus, le théâtre de la ville antique est déjà connu dans le secteur nord-ouest de Valence. Cependant, la situation topographique opposée de ces deux bâtiments de spectacle pose problème dans la mesure où elle n'a été rencontrée nulle part ailleurs : théâtre et odéon sont construits généralement à proximité. Cependant, la présence d'odéon est extrêmement rare (Vienne, Lyon et Carthage) et les exemples manquent pour en faire une règle intangible. Valence pourrait être la quatrième ville antique à se parer d'un bâtiment considéré comme prestigieux du fait de sa rareté. Cette rareté est liée à sa fonction très spécifique (édifice destiné à l'audition de spectacles de chants, de concerts et de lectures) mais aussi à ses caractéristiques architecturales. En effet, les odéons se distinguent des théâtres parce qu'ils possèdent une couverture. Or la construction de charpentes pour des bâtiments de cette envergure est une véritable performance architecturale.

Du monument de spectacle au premier palais épiscopal ?

Les fouilles menées par l'Inrap place des Ormeaux avaient révélé la présence de la partie domestique de la résidence des premiers évêques. Celle-ci se caractérisait entre autre, par des bains privés construits au IVe siècle et une première chapelle privée édifiée au Ve siècle. Le palais lui-même n'avait pu être observé.
Toutefois, au sud de la zone de fouille, un mur utilisant en remplois de gros blocs architecturaux en molasse laissait présumer qu'un bâti de type monumental se développait plus au sud, sous l'ancienne conservation. Ce bâti était daté de la fin du IVe siècle. Or ce bâtiment a été effectivement retrouvé au cours de cette nouvelle campagne de fouille. Ainsi, le plan complet du bâtiment est maintenant connu : il présente une superficie globale presque carrée de 14 x 15 m, soit 210 m2. Il est subdivisé en deux espaces de 75 m2. En dehors des murs faisant appel à des éléments architecturaux monumentaux et de ses vastes dimensions, ce bâtiment n'a offert aucun élément plus suggestif quant à sa fonction.

La fin du bâti ...

Deux fours à chaux, ont été identifiés dans l'actuelle zone de fouille et un troisième dans la cour d'honneur. Ils indiquent une phase de destruction massive des éléments calcaires constituant l'architecture du bâtiment. Actuellement, cette période de destruction n'est pas encore datée. Les éléments architecturaux de ce petit édifice de spectacle ont aussi pu venir alimenter les fours. On sait que ces édifices font appel à une riche décoration marmoréenne même si, sur la fouille, seuls deux éléments de placage en marbre nous sont parvenus. Ces fours à chaux semblent donc marquer la fin de tout bâti dans ce secteur. Le petit édifice de spectacle a totalement disparu de même que le grand bâtiment carré correspondant éventuellement à la première résidence de l'évêque. Au cours du Moyen Âge dit classique (Xe-XIIe siècles) ne reste plus dans ce secteur qu'une vaste zone de jardin. Le bâti réapparaît à partir du XVIIIe siècle à l'emplacement de l'ancienne conservation.
Aménagement : Ville de Valence
Contrôle scientifique : Service régional de l'archéologie (DRAC Rhône-Alpes)
Responsable scientifique : Pascale Conjard-Réthoré, Inrap
Contact(s) :

Christel Fraisse
chargée du développement culturel et de la communication
Inrap Rhône-Alpes Auvergne
06 73 48 26 95
catherine.dureuil [at] inrap.fr