L'Inrap mène actuellement une fouille préventive au 10 place Guillaume-le-Conquérant à Falaise, préalablement au projet de création d'un Mémorial des Civils dans la Guerre, par la Communauté de communes du pays de Falaise. Prescrite par le service régional de l'Archéologie (Drac Basse-Normandie), cette opération d'une durée d'un mois, se terminera début juin.

Dernière modification
10 mai 2016

Une équipe d'une quinzaine d'archéologues, dirigée par Bénédicte Guillot, étudie les vestiges d'une maison détruite lors des bombardements de 1944.

Réalisée au pied du château de Falaise, dans la ville fortifiée, la fouille archéologique constitue une opportunité unique d'alimenter notre connaissance des habitations situées sur la place Guillaume-le-Conquérant. La valorisation des vestiges s'intégrera parfaitement dans le projet du Mémorial, puisqu'ils témoignent directement du traumatisme vécu par les civils lors des bombardements de juin 1944. Ce musée, dont l'ouverture est prévue pour mai 2016, sera consacré à la vie quotidienne des populations civiles pendant la Seconde Guerre mondiale, de l'Occupation à la Libération.

Une habitation victime des bombes

Cette maison se compose de deux pièces et d'une cour pavée ouvrant probablement sur un jardin au pied des fortifications de la ville et surplombant la vallée. Le sol de la première salle se compose d'un pavage en dalles de schiste formant un décor géométrique et comprend une petite cheminée en tuileau. Elle donne accès à une seconde pièce, plus petite, avec un sol en carreau de terre cuite intégralement conservé.
L'impact d'une bombe incendiaire est encore visible dans la première pièce : les murs et une partie du pavage ont été désintégrés. Des prélèvements ont été réalisés afin de connaître la composition chimique de la bombe, et ainsi déterminer le type de matériel utilisé.
Cette bombe a également détruit un petit espace qui servait de couloir d'accès aux caves présentes sous les deux pièces.

Les caves et accès

Les deux caves ont été préservées des destructions, la bombe ayant surtout détruit les niveaux hors sol. Elles sont comblées avec des gravats issus de la construction du Tribunal d'Instance, qui a détruit le mur de la cave du côté de la place.
Les caves, voûtées, sont construites en alternant moellons et gros blocs calcaires. Plusieurs accès sont visibles mais un seul a pu être dégagé.
Un escalier, dont seules les premières marches manquent, donnait accès à un couloir couvert par de grandes dalles de schiste. Ce couloir se prolongeait au-delà de la porte de la cave et permettait d'entrer dans un petit réduit. Une grande fenêtre à gradins, ouvrant sur la cour, permettait de faire rentrer un peu de lumière dans cet espace, qui servait de réserve à champagne. Malgré le feu, les casiers sont encore présents et plusieurs bouteilles vides, sont toujours à leur place.

Le mobilier archéologique mis au jour

La fouille de cet espace a mis au jour un très riche mobilier abandonné par les habitants. Outre les bouteilles, on notera la présence d'un service complet de vaisselle : assiettes, tasses, ou encore soucoupes datant de la fin du XIXe siècle.
Leur décor  japonisant, fleuri et coloré, typique des « chinoiseries » était très en vogue parmi la classe aisée à cette période. Un ou plusieurs grands vases portant des dessins de personnages asiatiques ont également été découverts.
D'autres éléments témoignent davantage d'une histoire locale comme un pot à eau, quasiment intact, représentant une femme avec une coiffe et tenant une lanterne. La mention « Falaise » y est indiquée au-dessus.
Certaines de ces faïences, ainsi que de nombreux éléments en verre ont été retrouvés fondus et agglomérés. Ils témoignent, au-delà de la violence du choc, de l'intense chaleur dégagée par la bombe.
Aménagement : Communauté de communes du Pays de Falaise
Contrôle scientifique : Service régional de l'Archéologie (Drac Basse-Normandie)
Recherche archéologique : Inrap
Responsable scientifique : Bénédicte Guillot, Inrap
Contact(s) :

Florine Prieur
Chargée du développement culturel et de la communication
Inrap, direction interrégionale Grand Ouest - 02 23 36 00 64
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