L'Inrap mène actuellement des recherches archéologiques sur la commune de Moult, préalablement à l'aménagement du quartier « Le Val des Cigognes » par la société Foncim. Prescrite par le service régional de l'Archéologie (Drac Basse-Normandie) et menée sur une superficie d'environ 5 000 m2, cette opération a démarré fin janvier et doit s'achever début mars. L'équipe d'archéologues a mis en évidence de nombreux vestiges, attestant une occupation humaine depuis le Néolithique.

Dernière modification
10 mai 2016

Les découvertes sont particulièrement riches pour la période du bas Moyen Âge, avec la mise au jour d'un domaine des XIIIe-XIVe siècles. Ainsi, la fouille livre des informations inédites sur l'histoire des confins de la plaine de Caen et des marais de la Dives.

Une occupation dès le Néolithique

Les vestiges découverts à Moult témoignent d'une occupation très ancienne du site. Les archéologues ont en effet mis au jour un paléosol du Néolithique (environ 6 000 ans avant notre ère), conservé en place au fond du comblement d'un vallon qui traverse toute la parcelle aménagée, selon un axe sud-ouest/nord-est. Des tessons de poterie retrouvés dans ces niveaux en confirment la datation.
Plus récemment, à l'époque gallo-romaine (Ier-IIe siècles de notre ère), un réseau parcellaire quadrillé formé de petits fossés ouverts se déploie. Des céramiques, rejetées dans ces fossés, parmi lesquelles des restes d'amphores vraisemblablement produites dans la région d'Argences, ainsi que des restes animaux ont été recueillis. Ce mobilier archéologique indique qu'une zone habitée se trouvait à proximité.

Une occupation dès le Néolithique

Un domaine médiéval prospère des XIIIe-XIVe siècles

La partie la plus saillante des recherches concerne la découverte d'un domaine médiéval des XIIIe-XIVe siècles comprenant au nord un ensemble de bâtiments à fondations de pierre et couverts en tuiles évoquant un habitat, et plus au sud un verger et des structures à vocation agricole.
Les bâtiments d'habitat encadrent une grande cour centrale empierrée. L'édifice situé à l'est de cette cour abritait probablement un four à pain, tandis que celui implanté à l'ouest était divisé en au moins deux pièces de dimensions inégales, selon le plan classique des maisons paysannes de cette époque. Les objets exhumés traduisent un niveau de vie relativement aisé : vaisselier varié et de belle facture, monnaies, outils en fer, clé en bronze, etc. Associées à cet habitat, d'autres structures témoignant de la vie quotidienne ont été découvertes, notamment un puits et une grande cave rectangulaire.
Au sud de cet ensemble, un verger contemporain de l'habitat se déployait, comme l'atteste la découverte de fosses de plantation. Les amas de plaquettes, retrouvés dans ces fosses, évoquent un aménagement à l'aide de tuteurs, tels ceux utilisés pour la vigne par la baronnie monastique dite du « Petit Fécamp » jusqu'à la fin de l'Ancien Régime, dans des clos de vignes complantées avec des pommiers. À l'est du verger, les archéologues ont repéré les traces d'un bâtiment agricole et d'un autre dispositif destiné à couvrir une batterie de silos enterrés.
Encore plus au sud, des carrières d'extraction de « chaussin » (calcaire pulvérulent) datant des XVIIIe-XIXe siècles indiquent que l'occupation humaine s'est poursuivie aux époques moderne et contemporaine.

Aménageur : Foncim
Contrôle scientifique : Drac Basse-Normandie
Recherche archéologique : Inrap
Responsable scientifique : Vincent Carpentier, Inrap
Contact(s) :

Sandrine Lalain
chargée du développement culturel et de la communication
Inrap, direction interrégionale Grand Ouest
02 23 36 00 64
sandrine.lalain [at] inrap.fr