La fouille archéologique du faubourg d'Arroux, au nord d'Autun, menée dans le cadre d'un projet de logements sociaux, a permis la découverte d'un quartier antique partagé entre artisanat et habitat aisé.

Dernière modification
24 juin 2016

Les archéologues ont notamment mis au jour l'officine du coroplathe (fabricant de figurines) Pistillus : four de potier, moules, figurines et ratés de cuisson signés « Pistillus » confirment la présence de son officine à Autun. Son oeuvre, bien que populaire, se distingue par des statuettes soignées et des thèmes variés : déesses protectrices, Vénus, Abondance, animaux, mais aussi de tendres représentations de l'intimité romaine. Lors des dernières semaines de la fouille, principalement consacrées à l'étude d'un ensemble de vestiges datant de l'époque augustéenne (début du Ier siècle de notre ère), un important dépôt monétaire a été exhumé. 

Plus de 100 000 pièces romaines

L'ensemble était enfoui dans une fosse scellée par des tuiles. Il pèse environ 38 kg et consiste en plus de 100 000 pièces romaines de la fin du IIIe siècle de notre ère. Ces monnaies sont de toutes petites pièces en bronze de moins de 0,4 g. Ce sont des exemplaires non officiels, comme il en  a beaucoup circulé durant la période très troublée de la seconde moitié du IIIe siècle, et même peut-être encore au IVe siècle.
De graves crises frappent l'Empire à cette période : guerres incessantes entre prétendants au trône, épidémies, poids financier et politique de l'armée, pression aux frontières, crise économique, etc. L'État romain n'est plus en mesure d'assurer pleinement la pérennité et le contrôle du système monétaire. De petits monnayages de bronze, de peu de valeur, qu'on peut qualifier de « monnaie de nécessité », apparaissent alors : ils sont produits par des particuliers mais sont plus ou moins tolérés par l'État. Ils imitent pauvrement les émissions officielles et les effigies sont difficilement identifiables. Les pièces découvertes à Autun se rapprochent de celles typiques du IIIe siècle, telles les monnaies de Tétricus.
La forte teneur en cuivre du dépôt a permis au panier en vannerie, dans lequel elles étaient stockées, d'être en partie conservé.

Si l'ensemble avait une certaine valeur, il ne s'agit probablement pas d'un trésor dissimulé, mais plutôt d'un dépôt de pièces déclassées destinées à la refonte. La fosse est d'ailleurs située dans l'emprise d'un des ateliers de métallurgie mis au jour sur le site. En effet, pour rétablir une économie monétaire saine, certains empereurs ont lancé des réformes et tenté de remplacer les anciennes pièces sans autre valeur que celle de leur métal.  Le dépôt monétaire d'Autun est peut-être lié aux réformes de Dioclétien sous la Tétrarchie (fin IIIe siècle-début IVe siècle).
Un second dépôt devait se situer non loin du premier puisque un peu plus de 2 000 pièces ont été collectées à l'emplacement d'un mur du même atelier. Mais le  démantèlement de cette maçonnerie, au  IVe siècle ou Ve siècle, a dû partiellement le détruire.
Ces vestiges numismatiques vont permettre de mieux appréhender tant les aspects du monnayage non officiel, que les phénomènes de déclassement et de refonte des monnaies durant l'Empire.
Ces ensembles viennent s'ajouter aux quelque 300 monnaies romaines - en bronze dans leur très grande majorité - découvertes sur le reste de la fouille. Communes ou rares, ces monnaies, au même titre que les autres objets et vestiges, ne livrent d'utiles indications que parce qu'elles sont découvertes et étudiées dans leur contexte archéologique.
Aménagement : OPAC Saône et Loire
Contrôle scientifique : Service régional de l'archéologie (Drac Bourgogne)
Responsable scientifique : Stéphane Alix, Inrap
 
Contact(s) :

Mahaut Tyrrell
chargée de communication médias
Inrap, pôle partenariats et relations avec les médias
01 40 08 80 24
mahaut.tyrrell [at] inrap.fr

Astrid Chevolet
chargée de développement culturel et de communication
Inrap, Direction interrégionale Grand Est sud
06 86 28 61 71
astrid.chevolet [at] inrap.fr