Les sites : Protohistoire La Céreirède

Lattes, Hérault

Le site de la Céreirède, localisé à 1,5 km de Lattes, a fait l'objet d'une fouille en 2002. De nombreux vestiges d'occupations datées du Néolithique à l'époque moderne ont été découverts. Parmi eux, douze tombes datées entre la fin du VIe siècle avant notre ère et la fin du IIIe siècle de notre ère se répartissaient le long d'une voie. Leur petit nombre et leur échelonnement dans le temps font penser que l'on a affaire à un espace réservé à des individus au statut particulier.

La tombe la plus ancienne contenait un fond d'amphore étrusque qui renfermait un dépôt d'ossements humains brûlés associé aux fragments d'une coupe à rebord perlé en bronze, ainsi qu'un strigile (tige coudée destinée à racler la peau) en bronze et un poignard en fer incomplets.

Non loin de cette sépulture, un enclos rectangulaire bordé d'un fossé est construit à la charnière des IIe et Ier siècles avant notre ère. Il est associé à une grande tombe quadrangulaire probablement dotée, à l'origine, d'une couverture de bois. Le dépôt funéraire est constitué d'une amphore à vin italique entière (le col a été brisé lors de la découverte), d'un coffre monolithe en pierre fermé par une grande dalle sciée et d'un dépôt de vases pour la nourriture. Des résidus charbonneux et un amas de vases et d'objets métalliques très fragmentés et déformés par la chaleur ont été entassés autour d'une cuve abritant un dépôt de faune, trois vases à boire et un petit dépôt d'os brûlés. Le mobilier métallique, particulièrement riche dans cette sépulture, comprend des objets du repas funéraire : cinq à dix récipients en bronze dont au moins deux situles, un bassin, un poêlon, une cruche, un chaudron, des éléments de lampe en bronze et d'un candélabre en fer. Au moins une épée dans son fourreau, deux pointes de lance, un umbo (partie saillante d'un bouclier de fer) ainsi que de probables éléments d'armures et de casques forment la panoplie guerrière. Les objets de parure et de toilette sont représentés par des fragments de strigiles, de bracelets, de fibules et un possible torque.

À plusieurs siècles d'intervalle, ces deux sépultures remarquables, relevant peut-être de l'élite indigène, témoignent d'une certaine continuité des usages caractérisés par l'association emblématique des récipients liés au vin et aux libations, de l'armement et des restes du défunt. La présence d'objets importés illustre les interactions entre le monde indigène et les mondes gréco-étrusques et romains durant l'âge du Fer.

 

Valérie Bel (Inrap)