A Tragny, Moselle, une mardelle, comme celle que l'on peut observer sur ce site, est une dépression naturelle aux contours réguliers, en forme de cuvette, d'un diamètre moyen de 15 m environ.

Dernière modification
10 mai 2016

L'étude des couches de terre qui la remplissent montre trois niveaux distincts, qui correspondent à différentes étapes de sa formation.

Au début, des argiles plastiques s'y déposent lentement. Le milieu est alors faiblement humide et ne permet la conservation que de quelques débris végétaux. Un fragment de céramique tournée et une planche datée de 177 de notre ère ± 10 ans autorisent une datation de l'époque romaine pour ces sédiments.

Suite à un effondrement brutal (ou à une accélération de l'affaissement), la dépression s'accentue et l'eau de ruissellement y stagne. Les sédiments deviennent tourbeux. Les chênes récoltés dans ces niveaux sont datés entre 471 et 487 de notre ère (±10). La dépression constitue alors un piège naturel pour les matériaux organiques qui s'y conservent, comme le bois et les pollens. Ces derniers sont particulièrement utiles pour reconstituer les paysages et leur évolution au fil du temps. Les mardelles constituent donc une formidable source d'informations pour l'archéologue.

C'est au moment où la mardelle est en eau que l'activité de rouissage est possible. Le rouissage consiste à faire « pourrir » les tiges de chanvre (ou tout autre végétal) pendant une semaine au moins. Les gommes qui lient les fibres entre elles sont alors détruites. Après séchage, les tiges sont écrasées (teillage) puis cardées et filées. Les fibres de chanvre peuvent alors être transformées en cordes, tissus, etc. Outre la présence de pollens ou de graines de chanvre, cette activité est attestée sur ce site par la présence de petits pieux plantés dans le fond de la dépression pour maintenir les bottes de chanvre sous l'eau.