A Reims, Marne, à l'ouest du centre de la ville antique, cette fouille a permis la découverte d'un tronçon du fossé du rempart de l'oppidum, de structures d'habitations augustéennes et de plusieurs maisons de l'époque romaine.

Dernière modification
10 mai 2016

La fouille de sauvetage, intervenue après la réalisation des terrassements, a été réduite à l'étude des coupes latérales du terrain et à la fouille des structures en creux qui subsistaient au fond du terrain.
  

 

Le rempart de l'oppidum

Orienté nord-sud, le rempart est matérialisé sur le site par un fossé assez profond, creusé dans la craie géologique. Seul son bord intérieur a pu être relevé dans l'emprise de la fouille. Des raisons de sécurité ont interdit le sondage en profondeur.
À l'arrière du fossé, l'examen de la coupe laissée par les terrassements a permis de retrouver l'emprise de la levée de terre, qui atteignait 15 mètres. La base de cette levée était conservée sur quelques dizaines de centimètres de hauteur.
La levée était longée, du côté de la ville, par un petit fossé auquel on peut attribuer une fonction de drainage. En effet, le terrain est ici en pente vers le rempart, qui faisait barrage à l'écoulement des eaux de ruissellement. Dans sa plus grande profondeur, ce fossé atteignait 1 mètre et une largeur équivalente.
Les derniers niveaux du comblement du grand fossé ont été fortement perturbés par la voie et les structures d'habitations construites sur son tracé.
La levée de terre est détruite et le petit fossé est comblé. Cependant le grand fossé perdure à la période gallo-romaine, servant de collecteur des eaux domestiques et pluviales. Son tracé influence l'organisation du quartier urbain implanté au cours du Ier siècle de notre ère.

Les habitations augustéennes

Une trentaine de fosses et deux petits fossés creusés dans la craie géologique attestent la présence d'habitations de tradition gauloise, probablement d'époque augustéenne d'après la céramique contenue dans le comblement des fosses. La nature des structures mises au jour indique qu'elles étaient construites en matériaux légers comme le bois, le torchis et le chaume. L'étude de la forme et du contenu des fosses n'ayant pas été achevée, leur fonction n'a pu être identifiée.

Un quartier urbain du Haut-Empire...

Au Ier siècle, les constructions en matériaux légers laissent la place à des maisons de dimensions modestes, construites en dur, qui s'organisent en un quartier urbain de part et d'autre de deux rues perpendiculaires, avec un décrochement entre les deux tronçons de la voie est-ouest. L'orientation du quartier ne s'inscrit pas dans le carroyage de la ville antique. En effet, les rues ne suivent pas le tracé du decumanus proche du site, mais plutôt celui du rempart de l'oppidum, dont le fossé n'est pas totalement rebouché au Ier siècle, soit en le longeant, soit en le coupant perpendiculairement.
Malgré les perturbations liées aux constructions récentes, les deux rues présentent plusieurs chaussées superposées, constituées de cailloux, de sable et de craie concassée avec des ornières dont l'espacement est variable aux différents niveaux.
Pour les habitats, plusieurs fondations en craie, quelques murs en pierres ou briques crues, des tuiles de couverture et deux caves dégagées à proximité des voies appartiennent à des habitations dont les dimensions modestes ne correspondent pas au contexte social de grandes résidences urbaines. On peut y voir des maisons de la classe moyenne, probablement des artisans, dont les habitations côtoient des résidences plus luxueuses, comme celle de la rue Libergier, fouillée non loin de là. Des fragments de vitres de couleur verte, plats à bord biseauté, ont également été recueillis dans les remblais de démolition.
La première cave, de forme presque carrée s'étend sur une largeur de 2,15 mètres et une longueur de 2,30 mètres. La seconde, plus réduite, mesure 1,10 mètre de largeur et 1,60 mètre de longueur. Les murs sont souvent conservés en fondation, le rez-de-chaussée ayant totalement disparu. Ils sont composés de craie pour les fondations, de pierres ou de brique rue pour les murs et de tuiles pour les couvertures.

... abandonné à l'Antiquité tardive

L'observation de la stratigraphie montre que le quartier est complètement abandonné et rasé au début du IVe siècle, pour dégager un espace libre à l'avant du rempart de l'Antiquité tardive. Les matériaux de construction des habitats antérieurs sont récupérés, probablement pour l'édification de ce rempart, et le terrain est nivelé à un niveau très proche du sol actuel du quartier. Il semble avoir ensuite été exploité à la fois pour l'extraction de terres et l'épandage de remblais, comme c'est le cas pour d'autres quartiers périphériques de la ville tardive. Les ornières de chemin creusées dans des niveaux plus récents tendraient toutefois à prouver qu'une partie au moins de la voirie ait encore servi après la démolition des habitats.