Journée portes-ouvertes samedi 13 avril 2013 : Dans le cadre de la construction du Contournement ferroviaire de Nîmes et Montpellier (par Oc'Via) et du déplacement de l'autoroute A9 (par VINCI Autoroutes), une équipe d'archéologues de l'Inrap étudie une zone de 6 hectares au sud de Montpellier.

Dernière modification
01 mars 2017

Cette fouille préventive, d'une durée de 5 mois, concerne essentiellement l'étude de vestiges datés du Néolithique final (environ 2900-2700 avant notre ère). Ceux-ci, jamais appréhendés en Languedoc oriental sur une aussi vaste surface, riches en éléments de datation, vont permettre d'observer la chronologie d'occupation de ce village, son organisation spatiale (zones d'habitation, d'artisanat, de stockage, sépultures...) et l'évolution de celle-ci dans le temps. Après la Préhistoire, le site est de nouveau fréquenté à l'âge de Fer (au VIe siècle avant notre ère), pendant l'Antiquité et jusqu'au Moyen Âge.

Un village daté du Néolithique final (aux alentours de 2900-2700 avant notre ère)

Les niveaux de sol occupés au Néolithique final ont été détruits par les travaux agricoles postérieurs : seules les structures creusées en deçà sont conservées. La fouille a révélé des fosses d'extraction de terre destinée à la construction des bâtiments en brique crue, des silos pour conserver les céréales à l'abri de l'air, des caves pour le stockage des denrées ou des liquides. Au-delà de leur fonction initiale, ces fosses, comblées naturellement ou volontairement par l'homme, sont riches d'enseignements. Outils et vaisselle brisés, restes d'os d'animaux ou de végétaux, donnent des indications sur les aliments consommés. Fragments de meules, faucilles en silex documentent les activités agricoles, tandis que débris de bois ou de torchis, figés par des incendies, renseignent sur le bâti.
Certaines fosses ont ici également été utilisées, après leur abandon, pour y déposer les défunts. Ces sépultures s'inscrivent dans une tradition Néolithique qui conserve les inhumations à proximité directe voire dans les espaces villageois, selon des expressions très variées qui évoluent sur la durée et selon les habitudes culturelles régionales. Ici cependant, l'utilisation de fosses déjà en cours de remblaiements permet d'attester une tendance de mise à l'écart des tombes par rapport aux aires domestiques connue pour la fin du Néolithique. Sept inhumations ont été fouillées à ce jour, présentant surtout des enfants ou adolescents. Le soin apporté au corps, en position fléchie, recouvert ou enveloppé (nattes végétales, cuir...), suggère une pratique codifiée par la communauté.

Vases et objets du Néolithique

Du Néolithique ancien au Néolithique final, ce sont les formes et décors de la céramique qui permettent à l'archéologue de reconnaître la période chronologique et le groupe culturel ayant occupé un site. Les vases découverts présentent des profils dérivés de formes géométriques simples (sphère, ove, cylindre) et sont ornés de décors en relief (pastilles repoussées ou appliquées, cordons) ou en creux (impressions au doigt, incisions) qui évoquent un style régional situé entre la fin du IVe et le début du IIIe millénaire avant notre ère. Les thèmes décoratifs sont en outre caractéristiques d'un ensemble culturel emblématique de la fin du Néolithique en Languedoc (celui du groupe de Ferrières), plutôt assimilé jusqu'ici à des zones d'habitation de garrigues et petits plateaux calcaires. Leur présence dans cette plaine permet de reconsidérer le territoire de diffusion de ces céramiques.
D'autres objets témoignent des échanges et des réseaux de diffusion avec divers groupes humains, afin de se procurer des biens et ressources absents de l'environnement du site ou faisant appel à des spécialisations particulières : fragments de couteaux en silex, taillés à partir de plaquettes en provenance du Gard, d'une hache en pierre polie issue du sud des Alpes italiennes ou encore d'une hache en cuivre peut-être en provenance du Nord de l'Italie.

La Protohistoire et l'Antiquité

La présence d'un enclos témoigne d'une fréquentation du site dès le milieu du VIe siècle avant notre ère. Elle complète plusieurs découvertes de fossés circulaires identiques (généralement associés au domaine funéraire) faites sur d'autres sites languedociens. Toutefois, dans ce cas précis, aucun indice funéraire n'a pu être détecté au sein de l'enclos, en raison de son niveau d'arasement. Le site est également traversé par une voie reliant Lattes à Castelnau-le-Lez, d'origine probablement protohistorique, qui perdure à l'Antiquité et peut-être même jusqu'au Moyen Âge. Dans le courant du IVe siècle de notre ère, un ensemble funéraire est établi le long de la voie. La fouille a permis de dégager une dizaine de sépultures, réunies en un espace probablement familial utilisé pour au moins sept individus adultes et cinq sujets immatures (enfants et adolescents), certains accompagnés de dépôts funéraires. De part et d'autres de la voie, des traces de plantations de vigne et d'arbres fruitiers, illustrent une mise en culture, de l'époque romaine au Moyen Âge.

Informations pratiques

Journée « Portes-ouvertes » pour le public, samedi 13 avril 2013, de 10 h à 12 h 30 et de 14 h à 17 h 30.
- visites guidées par les archéologues de l'Inrap ; exposition dossier sur les découvertes
- présentation de mobilier découvert sur le site.
- présentation des études paléoenvironnementales (carpologie, malacologie) par des archéologues spécialistes.
Visites tout au long de la journée, sans réservation.
Gratuit.

Accès au site : chantier situé à proximité d'Odysseum, derrière le Lycée Pierre Mendès-France et le Mas de Brousse, route de Vauguières, à Montpellier. Parking visiteur à côté du lycée, puis accès piétons.
La manifestation sera annulée en cas d'intempéries.

Oc'Via

Oc'Via est la société de projet titulaire du contrat de partenariat public privé en 2012 avec Réseau ferré de France pour le financement, la conception, la construction et la maintenance de la ligne à grande vitesse entre Nîmes et Montpellier.
 

VINCI Autoroutes

Premier opérateur d'autoroutes en concession en Europe, VINCI Autoroutes accueille chaque jour plus de 2 millions de clients sur les réseaux ASF, Cofiroute, Escota et Arcour. VINCI Autoroutes est partenaire dans la durée de l'Etat concédant, au service des politiques d'aménagement du territoire et pour satisfaire les besoins de mobilité de ses clients.
Chiffres clés : 7 236 collaborateurs - Réseau de 4 385 km d'autoroutes - 171 aires de services - 273 aires de repos - 316 gares de péage.
 

La Drac, Service régional de l'Archéologie

Les missions archéologiques de l'État sont remplies au niveau régional par le Service régional de l'Archéologie (SRA), placé sous l'autorité du préfet de région. Ce service met en oeuvre les mesures nécessaires à l'inventaire, la protection, l'étude, la conservation et la valorisation du patrimoine archéologique. Il veille à l'application de la législation relative à l'archéologie, prescrit les opérations d'archéologie préventives, et en assure le contrôle scientifique.
 
Aménagements : Oc'Via et Vinci Autoroutes
Contrôle scientifique : Service régional de l'Archéologie (Drac Languedoc-Roussillon)
Recherche archéologique : Inrap
Responsable scientifique : Fabien Convertini, Inrap
Contact(s) :

Cécile Martinez
Chargée du développement culturel et de la communication
Inrap, direction interrégionale Méditerranée
06 87 01 62 86
cecile.martinez [at] inrap.fr