La fouille du site des Sapinettes ou de La Mare des Mares (Seine-Maritime) fait suite aux travaux de diagnostic archéologique réalisés par B. Aubry puis D. Giazzon/Inrap sur le projet d'extension, sur une vingtaine d'hectares, de la carrière Lafarge.

Dernière modification
14 janvier 2019

Ces interventions, complétées par une fouille sur 6 ha en 2000 et 2001, ont permis la mise en évidence de plusieurs faits archéologiques s'échelonnant du Paléolithique moyen au début de l'Antiquité.

Lors de ces premières analyses, les auteurs des différentes opérations soulignaient le caractère exceptionnel du site, le bon état de conservation des structures et surtout l'existence d'une couche archéologique sur une dizaine d'hectares. La richesse du mobilier lithique et dans une moindre mesure céramique permettait de dater les occupations principales de la seconde moitié du Néolithique ancien jusqu'à l'âge du Bronze moyen. À ces occupations succédaient une nécropole et une zone à vocation domestique associée à un système parcellaire, l'ensemble de ces structures pouvant être rattaché à la fin de la Protohistoire et au début de l'Antiquité. Les vestiges mis au jour lors des diagnostics étaient suffisamment intéressants pour qu'une fouille de sauvetage soit mise sur pied par le service régional de l'Archéologie de Haute-Normandie (dossier suivi par F. Carré en 2000 et 2001 puis par P. Fajon/SRA de Haute-Normandie) sous la forme de plusieurs tranches de fouille définies en fonction d'un découpage arbitraire de la zone concernée à la demande de l'aménageur. La tranche de fouille réalisée de mars à juin 2002 correspond à l'exploration de la zone 1 fouillée en 2000 sur 1 ha (sous la ferme de La Plaine de la Mare). Cette zone est implantée sur un éperon dominant l'estuaire de la Seine (appréhendée cette année sur près de 4 ha supplémentaires).Excepté quelques vestiges appartenant au Paléolithique moyen, découverts durant le décapage, les occupations couvrent essentiellement le Néolithique moyen, le Néolithique final et le haut Moyen Âge. La transition Néolithique ancien/Néolithique moyen I est représentée par deux grands bâtiments de tradition rubanée accolés à un paléovallon. Le mobilier découvert dans leurs fosses latérales est assez pauvre. Le mobilier céramique présente cependant plusieurs formes décorées de boutons au repoussé qui ont permis la datation des bâtiments (ASP/Cerny). Après un court hiatus chronologique, la situation d'éperon est occupée par un établissement séparé du plateau par une palissade comportant trois entrées. Cette structure avait déjà été reconnue sur 100 m de longueur lors de la fouille de 2001. Quatre bâtiments ont été mis en évidence à l'intérieur de la structure de barrage. Le mobilier est assez rare mais très caractéristique. Les décors de boutons au repoussé sur la plupart des formes permettent d'attester l'attribution chronologique (Néolithique moyen I). Quelque vingt siècles plus tard, après l'abandon et la destruction de la barre, l'éperon connaît une nouvelle occupation durant le Néolithique final. Elle se caractérise par l'installation de quatre bâtiments d'une vingtaine de mètres de long, dont deux sont particulièrement bien conservés. Le riche mobilier permet d'observer de grandes formes droites décorées de languettes attribuables au Néolithique final ou à la transition avec le Bronze ancien. Quelques petits bâtiments ou groupes de fosses ont aussi été attribués à cette période et doivent probablement être rattachés aux bâtiments. Une nécropole s'installe également sur l'extrémité de l'éperon. Elle se compose de quatre enclos circulaires, de 10 à 20 m de diamètre, contenant ou non des restes sépulcraux. Le peu de mobilier recueilli n'a pas permis de dater cette nécropole avec précision (très probablement de l'âge du Bronze). Les périodes historiques sont représentées par quelques fossés protohistoriques qui s'inscrivent dans le réseau parcellaire mis en évidence en 2001, par l'angle d'un vaste enclos gallo-romain lié à la présence d'une villa sur le plateau et, aux VII-VIIIe s. av. J.-C., par un enclos loti et son parcellaire associé. L'habitat du haut Moyen Âge couvre une surface de 90 x 60 m. Il comprend un système d'enclos complexe avec plusieurs phases de creusement ainsi qu'un riche ensemble de bâtiments. Parmi ceux-ci, on retiendra tout particulièrement la présence d'une maison de plus de 20 m de long abritant probablement une occupation humaine et animale. Le mobilier découvert en relation avec le site est rare. Il provient essentiellement des fosses-carrières qui constellent la surface de l'enclos. La présence de quelques formes céramiques caractéristiques et d'un grand nombre de formes non tournées caractérisent le mobilier lié à cette occupation. Un maillage parcellaire a pu être mis en relation avec cette période. Cet établissement mérovingien sera finalement abandonné au VIIIe s. Il faudra alors attendre l'Époque moderne pour que le plateau de la Mare des Mares connaisse une nouvelle installation humaine au début du XIXe s. (ferme de La Plaine de la Mare).

Manifestations

CARPENTIER V., GAUME É., GHESQUIÈRE E. et MARCIGNY C., (à paraître) - Apports de l'archéologie à la connaissance des maisons rurales des XVIIIe et XIXe s. en Normandie, Actes du colloque sur la maison rurale en pays d'habitat dispersé des origines aux années soixante, laboratoire CRHISCO, PUC. MARCIGNY C., GHESQUIÈRE E., CLÉMENT-SAULEAU S., GIAZZON D., GALLOUIN E. et HUGOT C., (à paraître) - Les occupations du Néolithique moyen de Saint-Vigor-d'Ymonville (76), colloque Internéo, Paris, n° 4, à paraître en octobre 2002.