A Luzarches, Val-d'Oise, située en plein coeur du village ancien, au pied de la butte Saint-Côme, à quelques dizaines de mètres de la place médiévale sur laquelle se tient encore la halle, la parcelle à sonder couvre une superficie de 2 700 m². 2400 m² ont pu être sondés.

Dernière modification
19 février 2016

La commune de Luzarches, commune du Pays-de-France, s'étend au nord de la vallée de l'Ysieux. Elle est implantée de part et d'autre de l'ancienne route royale Paris-Amiens. Cette situation particulière a très certainement favorisé son essor et le développement du bourg au moins dès le haut Moyen Âge. Les nombreuses mentions textuelles (actes de donation de 679, 692, puis de 775...), indiquant la présence d'un palais mérovingien dès le VIIe siècle, constitue vraisemblablement une des étapes d'accueil du pouvoir itinérant avant Saint-Denis.

La Place de l'Ange
Carte postale de la fin du XIXe siècle représentant la cour de l'Hôtel de l'Ange devenu ferme.


© Archives départementales du Val-d'Oise (95)

À partir des XIe-XIIe siècles, au centre du bourg, structuré autour de l'axe routier Paris-Amiens, se matérialise une halle médiévale qui fonctionne comme une sorte de point névralgique dans l'organisation spatiale. Sur un axe perpendiculaire et à équidistance de cette dernière sont situés deux habitats seigneuriaux (le château de la Motte et la Butte Saint-Côme), l'un attribué au XIe, l'autre au XIIe siècle. Ils confèrent, encore aujourd'hui, une singulière physionomie au territoire de la commune et témoignent d'une organisation spatiale particulière, fruit de partages successoraux du début du second Moyen Âge. L'un de ces deux châteaux a vraisemblablement succédé au palais du VIIe siècle et illustre la permanence des lieux de pouvoir sur ce territoire.

Le diagnostic, réalisé au pied de la butte Saint-Côme, était largement stimulé par l'ensemble de ces problématiques.

Six tranchées de sondages ont été réalisées au pied de la butte, malheureusement entaillée anciennement pour faire place à un hôtel déjà mentionné au milieu du XVIe siècle. Un garage implanté au début du XXe siècle vient sans doute oblitérer l'ensemble des vestiges antérieurs, notamment par l'installation de nombreuses fosses et vides sanitaires implantés sous dalles de béton.
Une quinzaine de structures, fosses dépotoirs et bâtis, essentiellement attribuées au XVIe siècle, ont été mises au jour. Ces quelques structures résiduelles ont livré des éléments de faune et surtout de la céramique, assemblage diversifié de jattes, coquemars et autres marmites attribuables à la fin du XVe siècle et à la première moitié du XVIe siècle. Des vestiges de murs peuvent être associés par leur type de mise en oeuvre (moellons calcaire liés à la terre et au plâtre) à cette même phase d'occupation. Ces éléments peuvent être rapprochés de l'Hôtel de l'Ange, mentionné sur la parcelle en 1564 (ADVO).

La situation particulière du bourg sur la voie Paris-Amiens est en effet propice au développement d'une importante hôtellerie (Hôtel du Cygne, Hôtel du Chat, Hôtel du Cerf ou encore Hôtel du Barillet) sans doute dès le Moyen Âge et qui se maintiendra encore après l'ancien Régime. De l'Hôtel de l'Ange, nous ne connaissons que peu de choses. Une carte postale de la fin du XIXe siècle, figurant la cour du bâtiment devenu ferme, nous permet néanmoins de faire un prodigieux voyage dans le temps puisqu'elle nous laisse voir le bâtiment sur deux étages à pans de bois et colombages supportés par des piliers de pierre. Bien que dans un état extrêmement vétuste, le bâtiment apparaît dans une physionomie très proche de son état originel.

Le diagnostic n'a pas permis de mettre en évidence les occupations médiévales que laissaient soupçonner la complexité de l'organisation spatiale du bourg et la richesse des documents textuels. Il constitue néanmoins une première incursion dans le centre ancien du village et laisse espérer à l'avenir de nouvelles découvertes permettant de mieux comprendre les modalités et temporalités de la structuration du bourg et des lieux de pouvoir dès la fin de l'Antiquité.