Un habitat et une nécropole du haut Moyen Âge à Lieusaint, Seine-et-Marne.

Dernière modification
19 février 2016

Le site de Saint-Pierre-du-Perray, Le Champtier à Cailles (Essonne), situé dans l'angle sud-ouest du Carré Sénart, a fait l'objet de 6 opérations depuis l'an 2000. Un diagnostic a donné lieu à une fouille de 0,8 ha en 2001. Un diagnostic de 6,8 ha en 2002 a permis de constater l'étendue du site à l'est et surtout la densité exceptionnelle de structures. Il a également mis au jour un site du Hallstatt final-La Tène ancienne et supposé l'existence d'un site antique occulté par l'occupation du haut Moyen Âge.

Ce diagnostic avait de plus révélé un site néolithique, fouillé en 2004. La fouille de 2006, de 1,1 ha, n'a pas été précédée d'un diagnostic et se situe au nord et au sud de la fouille de 2001 et à l'ouest du diagnostic de 2002. En 2006, un diagnostic semble attester les limites ouest et sud des occupations.
La première occupation se caractérise par une aire d'ensilage du Hallstatt final-La Tène ancienne. L'habitat associé n'a pas été localisé sur notre emprise mais semble se situer à l'est, sur le diagnostic de 2002. Le site protohistorique s'étendrait alors sur plus de 3,5 ha. L'un des silos a fourni une grande quantité de céramiques mais également un fer de hache et une pointe de flèche en alliage cuivreux. 

Au début de notre ère, un établissement rural est établi. Il s'observe tout d'abord par des fossés parcellaires qui organisent l'occupation et permettent un drainage nécessaire lié à la nappe phréatique peu profonde. L'établissement perdure et se développe durant toute l'Antiquité en s'inscrivant dans un enclos qui ne sera totalement appréhendé qu'après la fouille des parcelles voisines, déjà diagnostiquées. Quatre bâtiments sont observés par leurs fondations sur l'emprise de la fouille. Le site gallo-romain étudié ne semble pas correspondre au secteur résidentiel mais plutôt à un secteur d'activités agropastorales et/ou artisanales. Le diagnostic de 2002 montre l'extension du site sur lequel pourrait se situer le secteur résidentiel. À la fin de l'Antiquité, les fossés sont abandonnées mais l'occupation perdure durant tout le haut Moyen Âge jusqu'au Moyen Âge classique. Le mode d'occupation évolue. L'habitat se définit par un mode de construction plus léger, les bâtiments s'édifiant sur poteaux de bois. Les bâtiments gallo-romains ne semblent pas réoccupés mais marquent encore le paysage. Au cours de cette période, ils seront détruits, peut-être pour la récupération de matériaux.

Le site du haut Moyen Âge se caractérise par une très forte densité d'occupation bien qu'il ne s'agisse que de la périphérie d'un habitat plus important se développant à l'est de notre emprise. Quelques plans de bâtiments ont pu être clairement identifiés, notamment sur la fouille de 2001 ; sur la fouille de 2006, les plans sont plus difficiles à distinguer. De nombreuses structures en creux correspondent à des fosses et à des silos. Le creusement des fosses est souvent interprété comme étant dû à l'extraction de limon, matériau essentiel à l'élaboration du torchis utilisé pour les murs et les parois des bâtiments. Les silos servaient à la conservation des grains. L'abandon de ces structures semble associé au rejet de matériaux, préférentiellement carbonisés et charbonneux. Un puits a été fouillé et son fond atteint. Le conduit du puits présente une maçonnerie assise sur un cadre de bois. Une étude dendrochronologique a été tentée, mais n'a pu donner de résultats. Des céramiques complètes au fond datent l'abandon aux IXe-Xe siècles.

Outre l'habitat, au sud du site, une nécropole de 35 sépultures, supposée carolingienne (datations en attente), est contrainte entre un fossé et une mare. Certaines de ces sépultures correspondent à des inhumations à coffrage de bois sur plancher. À l'extérieur de cette aire réservée, trois sépultures non datées, auxquelles s'ajoutent deux sépultures mérovingiennes, ont été mises au jour le long du même fossé. Au nord du site, quatre autres sépultures non datées ont également été découvertes.
 
Malgré le changement de période, le mode d'occupation du haut Moyen Âge perdure durant le Moyen Âge classique. Aux XIe-XIIe siècles, les ruines des bâtiments gallo-romains ne sont plus visibles, ainsi l'un des bâtiments voit ses fondations régulièrement transpercées par des fosses de cette époque. L'occupation de cette période est toujours très dense et masque, en surface, les structures antérieures.