La mise en service de la ligne B du métro « Tisséo » a permis de conduire une fouille archéologique au croisement du boulevard L. Carnot et de la rue M. Fonvieille, au « puits Aubuisson », sur une emprise de 10 x 16 m.

Dernière modification
25 août 2017

Cette opération a mis en évidence les vestiges de la courtine du rempart antique d’époque tibérienne, que l’on supposait jusqu’alors implanté en-dehors de l’emprise de ces travaux. L’arase du rempart est apparue à 0,66 m de la surface, tandis que la fouille a été poursuivie jusqu’à 2 m de profondeur.

Un ouvrage monumental

Diverses sources permettent de savoir que le rempart protégeant la ville antique de Tolosa, haut de 6,5 m, se développait sur 3 km, enserrant ainsi un espace de 90 ha fermé à l’ouest par la Garonne. La fortification était munie de près de 50 tours espacées de 35 à 40 m et de 3 portes monumentales donnant accès aux routes principales.

Une étude pluridisciplinaire

Les vestiges de ce rempart sur le site d’Aubuisson étant voués à être détruits, archéologues et architectes ont profité de cette opportunité inédite pour démonter et analyser les différentes séquences constructives de la fortification. Les résultats obtenus à partir de vestiges pourtant limités démontrent tout l’intérêt de cette recherche pluridisciplinaire. 

La composition du rempart

La fondation du rempart, large de 2,8 m et profonde de 0,9 m, a été coulée en deux banchées de 4 à 5 couches de petits galets, puis de 4 couches de galets plus gros noyés dans du mortier de chaux liquide. Au-dessus, intervient le parement large de 2,4 m (10 pieds) constitué de 8 assises de moellons en calcaire gris (0,10 x 0,08/0,15 x 0,20/0,30 m) parfaitement réglées avec des joints réguliers soulignés au fer. L’intérieur était garni de galets noyés dans le mortier. Trois assises (Aa-Ab-Ac) en briques (0,36 x 0,24 x 0,04 m) posées en boutisses surmontaient le parement de calcaire. Elles ont été disposées en double rangée formant parement et l’on a pris soin d’alterner la disposition de chaque assise afin d’éviter la superposition des joints.
 

De nombreuses briques ont été cassées sur place et du mortier a été coulé dans les fractures, ce qui témoigne du damage au moment de la pose. Puis, un parement de moellons constitué de 4 assises et identique au précédent a été mis en place. Le dernier état correspond à l’élévation de briques et il n’en a été conservé que l’empreinte du lit de pose, ce qui a néanmoins permis de reconnaître la disposition et le module de cette ultime assise.

 

L’origine des matériaux

Les galets ont été récoltés sur les berges de la Garonne ou lors du creusement des fondations. Les briques, quant à elles, ont été produites avec l’argile locale. La région étant dépourvue de calcaire, il a fallu extraire et transporter depuis le piémont pyrénéen, à 70 km de distance, les 3 000 tonnes de moellons et les 9 900 tonnes de chaux nécessaires à la construction du rempart au début du Ier siècle de notre ère.
 

Hypothèse de restitution et valorisation virtuelle

Une tour appartenant au rempart et découverte précédemment au théâtre Labéda a servi de trame à une hypothèse de restitution, conduisant les archéologues à supposer la présence d’une tour (à talon ?) à une distance de 21 m vers le nord-ouest du site, et d’une autre à 14 m en direction du sud-est. Le mauvais état de conservation du site n’aura pas permis de confirmer la présence du fossé creusé en avant du rempart, probablement au Bas-Empire, en même temps que le segment de courtine longeant la Garonne. L’assemblage de photographies géoréférencées qui a été réalisé sur les parements internes et externes du rempart constitue, au-delà d’une « belle image », un relevé de grande précision indispensable à l’étude du monument et à une potentielle valorisation virtuelle.