A Saint-Laurent-du-Maroni, Guyane, un diagnostic archéologique, réalisé avant la construction de logements sociaux, sur une terrasse ancienne du Maroni, a révélé deux sites amérindiens successifs.

Dernière modification
07 avril 2016

L'occupation amérindienne apparaît sous la forme de deux couches superposées. Le matériel archéologique issu de la couche supérieure ne se différencie pas de celui issu de la couche inférieure mais pourrait attester une occupation amérindienne postérieure à l'époque coloniale. La couche inférieure, intacte, témoigne de l'existence d'un village précolombien. Elle contient des céramiques entières dans des fosses, des trous de poteau qui confirment l'hypothèse d'un site d'habitat amérindien. Quelques éléments décoratifs céramiques évoquent des liens avec des productions céramiques du Surinam.


Le village précolombien

Il est implanté à l'embouchure de la crique Balaté, là où les sédiments sont constitués de sols lessivés et de sables grossiers. Si l'époque précolombienne est ici encore mal connue, quelques sites amérindiens ont été identifiés sur le littoral du Maroni, et notamment celui de Crique Jacques. En archéologie, la céramique permet de dater les sites. Ici, la céramique a été attribuée à deux cultures : le Koriabo et le Barbakoeba dont l'aire de dispersion se situerait sur le littoral est du Surinam, principalement sur les chêniers littoraux. Une datation radiocarbone cale cette production aux alentours de 1100 de notre ère. Un autre type de céramique, le complexe Koriabo, est également présent. Il est attesté sur plusieurs sites des rives et affluents du fleuve (Saut Saillat, Crique Sparouine, Crique Hermina...) et reconnu sur la quasi-intégralité du Plateau des Guyanes. Pour la Guyane et le Surinam, les datations de ces deux types de céramique évoluent dans une fourchette assez large, entre 750 et 1600 de notre ère avec une fréquence plus importante entre 900 et 1200.

Les implantations amérindiennes

Ce sont deux niveaux d'occupation amérindiens qui ont été mis au jour. Le premier niveau, quasi affleurant, contient quelques tessons coloniaux et amérindiens ; le second, situé à 70 cm de profondeur, est riche en mobilier amérindien.
Le site du Chemin Saint-Louis fournit des éléments prometteurs, à la fois archéologiques et géologiques, pour l'archéologie amérindienne de la Guyane occidentale. Sa position géographique et sa taille témoignent d'un site d'importance du Bas-Maroni. L'étude des céramiques et de l'industrie lithique permettra d'établir les bases d'un nouveau complexe culturel sur le Bas-Maroni, de mieux comprendre l'occupation amérindienne des deux rives du fleuve et contribuera à une meilleure connaissance de l'histoire du Surinam et de la Guyane.