Le site d'Argentomagus, à Saint-Marcel (Indre) a fait l'objet de nombreuses interventions archéologiques programmées ou préventives, mais le plateau des Courattes au nord-est des Mersans reste méconnu.

Dernière modification
13 octobre 2016

Fin 2013, Raphaêl de Filippo (Inrap) a réalisé un diagnostic rue des Courattes, préalablement à la construction d'une maison individuelle, sur la parcelle cadastrée AV 200 d'une surface de 1 700 m².
En 2014, la fouille a été réalisée sur l'ensemble de la surface. Cette opération a permis de renseigner ce secteur de l'agglomération.

Une occupation gauloise 

Les vestiges les plus anciens correspondent à cinq sépultures en position assise (UE3 à 6 et 53). Elles sont organisées en deux groupes : quatre d'entre elles sont placées sur un même axe à distance régulière, la cinquième est située plus au nord et paraît plus isolée (Doc. 2). Aucun mobilier ne les accompagne, et la datation supposée devra être confirmée par des mesures du C14 sur les ossements. Entre ces deux groupes un enclos, dont la fonction reste incertaine, est daté de La Tène finale. Un dernier fossé contemporain de l'enclos est situé plus au nord. Les vestiges de cette période sont peu nombreux, mais ils constituent un ensemble essentiel pour la compréhension des origines de l'agglomération.

Deux aménagements urbains successifs à partir du Ier siecle : une place et une rue 

Dans une deuxième phase, la terre végétale semble retirée sur une bonne partie de la moitié nord de l'emprise et un cailloutis compact est déposé. Ce niveau n'a quasiment pas livré de mobilier et ne comporte pas de traces d'utilisation. Il pourrait correspondre à une place. La troisième phase reste encore mal datée. Elle concerne une rue, soigneusement construite, constituée d'un hérisson de blocs calcaires bruts posés sur le niveau antérieur et d'un niveau compacté de sables grossiers identifiable au revêtement de la chaussée (Doc. 3). D'une largeur de 6 m, il est délimité sur ses côtés par des bordures calcaires. Bien conservé, son profil est encore nettement convexe. Par ailleurs aucun indice d'usure ou d'utilisation n'a été enregistré : pas de nid-de-poule ou d'ornière, pas de niveau de recharge, ni mobilier. Au nord-ouest, un niveau empierré, plus dégradé, peut correspondre à un trottoir.

Deux constructions successives 

L'articulation des deux phases suivantes est encore incertaine. La voie semble déplacée de quelques mètres vers le sud-est. Les caractéristiques de ce nouvel axe sont plus proches de ce que nous connaissons par ailleurs : il est constitué de diverses recharges hétérogènes de blocs calcaires, d'éléments de démolition et de mobilier divers. Il semble former un angle à l'est de l'emprise, pour se diriger vers le sud-est. Dans l'angle nord, une venelle perpendiculaire semble contemporaine. Un vaste édifice de 29,60 m de long et de 11,20 m de large (soit une surface de 331,50 m²) est également construit (Doc. 4). Il est divisé en six pièces de largeur inégale (de 2,56 à 4,95 m). En façade sud-est, le bâtiment est précédé d'un portique matérialisé par la présence de huit fondations de plots construits en partie sur la voie antérieure. Les sols des pièces sont partiellement conservés, mais le mobilier y est rare et les structures, peu nombreuses. Si le plan de la construction est proche de celui du bâtiment de commerces fouillé aux Mersans, la détermination précise des activités semble impossible. Cet édifice est restructuré au profit d'un nouveau type d'occupation. Un fanum est en effet construit au centre du bâtiment précédent. Il est accompagné de deux édicules maçonnés, d'une fosse profonde (bassin ?) et d'un coffre construit à l'aide de tegulae (UE71 ; Doc. 5) et identique à celui trouvé aux Mersans. Dans la partie sud de la fouille, un enclos ou une palissade est construite. Le long d'un des côtés, une sépulture d'un enfant, datée du IIIe s. a été découverte.

La récupération des maçonneries à la fin du Bas-Empire ou au début du haut Moyen Âge 

Presque toutes les maçonneries antiques ont été récupérées dans cette période : ce travail a conduit à la disparition de toutes les relations stratigraphiques entre les murs du temple et du bâtiment à portique. Lors de ce démantèlement, des blocs d'architecture semblent avoir été sélectionnés puis déposés dans une petite fosse (UE157, Doc. 6). On mentionnera notamment un bloc sur lequel est gravé le nom d'une personne. Hormis cette récupération, aucune occupation réelle n'est attestée pour les périodes médiévales. Les plots maçonnés de la dernière phase, parallèles à la route actuelle, semblent assez récents (phase 7).