Conférences
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Mis à jour le
04 mars 2016
Colloque
Archéologie des migrations

Colloque international organisé par l’Inrap, en partenariat avec le Musée national de l’histoire de l’immigration.
Les 12 et 13 novembre 2015 au Musée national de l’histoire de l’immigration.

Archéologie des migrations
par Bruno Dumézil, historien, spécialiste du haut Moyen Âge

La notion d'« Invasions barbares » a beau être devenue une expression courante, elle pose d'importantes difficultés au regard de la documentation, que celle-ci soit textuelle ou archéologique. Pour l'histoire nationaliste, l'ampleur des déplacements de personnes entre les IIIe et VIe siècles constituait en effet un a priori idéologique (positif ou négatif, selon le cas) ; on en chercha la confirmation dans les écrits des clercs ou dans les couches de destruction. Apparut alors la carte des « Grandes Invasions », telle qu'on la retrouve encore aujourd'hui dans la plupart des ouvrages de vulgarisation. Inversement, à partir des années 1960, un courant universitaire dominant eut tendance à réduire l'importance des invasions et à poser la question en termes d'acculturation ou d'ethnogenèse. Depuis les années 1990, certains historiens et archéologues en sont même venus à récuser l'existence de certaines migrations ou du moins à renoncer à caractériser les transformations observées : un changement brutal de culture matérielle ne signifie pas forcément une arrivée de populations ; une chronique rétrospective n'est pas toujours fiable. D'autres spécialistes insistent donc sur la faillite du concept d'identité : le terme de « barbares » ne désignerait pas partout une même réalité.  Derrière ces interprétations divergentes, on peut deviner des méthodes différentes, mais aussi une adaptation constante à des contextes géopolitiques changeants.
 
Bruno Dumézil, maître de conférences en histoire médiévale à l'université de Paris-Ouest Nanterre La Défense, a publié plusieurs ouvrages sur le haut Moyen Âge occidental dont Les Racines chrétiennes de l'Europe, Conversion et liberté dans les royaumes barbares V-VIIIe siècle (Fayard, 2005), La Reine Brunehaut (Fayard, 2008) et Servir l'État barbare en Gaule franque (Tallandier, 2013). Ses recherches actuelles portent sur l'épistolaire politique médiéval.

Bibliographie 
  • AMORY P. (1997), People and Identity in Ostrogothic Italy, Cambridge-New York, Cambridge University Press, 1997.
  • BRATHER S. (2004), Ethnische Interpretationen in der Frühgeschichtlichen Archäologie. Geschichte, Grundlagen und Alternativen, Berlin/New York, Verlag Walter de Gruyter.
  • COUMERT M. (2007), Origines des peuples. Les récits du Haut Moyen Âge occidental (550-850), Paris, Institut d'études agustiniennes.
    (2013), « Introduction. Strategies of Identification : A Methodological Profile », in. POHL W., HEYDEMANN G. (dir.), Strategies of Identification, Ethnicity and Religion in Early Medieval Europe, Turnhout, Brepols, p. 1-64.
  • WENSKUS R. (1961), Stammesbildung und Verfassung. Das Werden der frühmittelalterlichen Gentes, Cologne, Böhlau Verlag.

Transition

Année :
2015