L'aménagement de la résidence de tourisme par la société Agora a été l'occasion d'étudier le site de la villa antique de Bergheim (Haut-Rhin).

Dernière modification
10 mai 2016


L'intervention, initiée par le service régional d'archéologie (SRA) d'Alsace et financée par la Drac, a débuté en janvier 2006 par des sondages et des observations réalisées sur les fronts d'excavation d'un des bâtiments à construire. Elle s'est poursuivie au cours de l'été de la même année avec une équipe composée d'archéologues de l'Inrap et du SRA.

La présence de la villa est connue depuis le XIXe siècle grâce à la découverte exceptionnelle, en 1848, d'une mosaïque de 80 m² partiellement conservée et exposée au musée de Unterlinden de Colmar. La villa est localisée à l'ouest du village aux lieux-dits Froen et Böckenbrück, de part et d'autre du Bergenbach, au pied du versant sud de l'Altenberg.

 

La villa gallo-romaine de Bergheim

A bien des égards, les vestiges dégagés en 2006 sont remarquables. Les éléments découverts - fondations de maçonneries, murs, sols en mosaïque ou en béton de tuileau, hypocauste et praefurnium - ont en effet permis de saisir et de restituer une partie du plan de la villa d'un riche propriétaire.
Les structures rencontrées en 2006 se développent sur une longueur est-ouest de 106 m. en intégrant les observations effectuées au XIXe siècle, on peut donner une idée de l'emprise de la villa qui se développait, à l'origine, sur une surface minimale de plus de 7800 m2.

Si nous ignorons l'époque exacte de sa construction, les monnaies découvertes sur le site permettent de dire qu'elle est attribuable aux années 120 à 165 ap. J.-C. La villa a sans doute subi des phases de transformation et d'embellissement, dans le courant du IIIe siècle, avec la mise en place de la mosaïque. Les indices de datation les plus récents sont attribués à la première moitié du VIe siècle, période trouble marquée par de nombreuses destructions.

Une pièce chauffée par hypocauste

La villa n'était pas démunie de confort. Un petit ensemble balnéaire avec son aire de service a été dégagé à proximité immédiate de la pièce à la mosaïque. Il se compose d'une pièce de 2,30 m sur 2,50 m chauffée par le sol. Elle devait être agrémentée d'une baignoire dont l'eau était chauffée par le foyer (praefurnium) qui alimentait en air chaud l'hypocauste. La pièce était ornée de marbre blanc à veine sinueuse verte provenant de l'île d'Eubée en Grèce. Plusieurs fragments ont été retrouvés lors de la fouille.

La mosaïque

La mosaïque, conservée sur une surface de 12 m2, décorait initialement une pièce de 23 m2. Bien que fragmentaire, son décor a pu néanmoins être restitué. Il s'organise en deux tapis polychromes séparés par une bande de 0,50 m de large dont il ne subsiste que quelques fragments.

Le premier tapis est principalement formé de carreaux comprenant un motif géométrique de quatre rectangles "s'enroulant" autour d'un carré central, les écoinçons étant ornés de motifs floraux simplifiés.

Le second tapis, plus complexe, est composé de quatre octogones s'organisant autour d'un carré central comprenant un décor floral stylisé. Chaque octogone renferme un entrelacs de deux carrés encadrant un médaillon central avec un décor stylisé.
La mosaïque découverte en 2006 présente de nombreux points communs avec celle découverte au XIXe siècle et pourrait donc avoir été conçue par la même équipe dans les années 230-240 ap. J.-C.