Balivernes

Idée reçue

« Les femmes restaient à la maison »

On imagine facilement la femme du Moyen Âge cloîtrée dans son château, occupée à broder en attendant patiemment le retour de son époux. Mariée jeune et chargée d’assurer une descendance, elle serait considérée comme inférieure à l’homme, volontiers associée au péché par l’Église, voire sans âme… En réalité la place de la femme dans la société varie d’une époque à l’autre et selon la classe sociale considérée.

Au début du Moyen Âge, les reines jouent un rôle politique de premier plan, notamment dans la conversion au christianisme de leur mari. Les aristocrates fondent des monastères, qu’elles dirigent en tant qu’abbesses. Certaines laisseront des traités de théologie, de médecine, de chants liturgiques. Plus que leur condition de femmes, c’est le maintien du pouvoir de leur groupe familial que les femmes défendent, au même titre que les hommes. Puis, remis en cause par les hommes d’Église, leur statut se détériore à partir des XIIe-XIIIe siècles pour atteindre ses pires moments avec la chasse aux sorcières.

Les « autres » femmes filent certes la laine chez elles, mais souvent pour le compte d’un atelier de tissage. Elles travaillent aux champs et dans les ateliers urbains, qu’il leur arrive de diriger, surtout après la mort de leur mari.

Si l’archéologie relève parfois le faste des tombes de reines (comme celle d’Arégonde à la basilique de Saint-Denis), qu’en est-il des femmes en général ? L’étude des nécropoles a révélé qu’hommes et femmes sont enterrés selon les mêmes pratiques funéraires ; leurs tombes ne se différencient pas. Identique selon les sexes, la richesse des dépôts dépend du niveau social du défunt ; seules les catégories d’objets diffèrent : armes pour les hommes et bijoux pour les femmes, parfois aussi des clés, symbole de propriété de la maison. Grâce aux progrès de l’anthropologie, on découvre depuis peu, des femmes inhumées avec des panoplies d’armes : des attributs et un rôle dans la société jusque-là considérés comme exclusivement masculins.