A Audenge, Gironde, en amont de la création d’un domaine résidentiel au lieu-dit
Maignan à Audenge, un diagnostic archéologique a été prescrit par la Drac.

Dernière modification
10 mai 2016

Les sondages réalisés en avril 2008 ont révélé un gisement archéologique de grande ampleur : une structure en tuiles et des fragments de jarres à poix, évoquant une zone d'artisanat de la poix, et de nombreux fossés et trous de poteau, signalant la présence d'une organisation en parcelles. Au regard de ces indices, une fouille archéologique a été prescrite sur une surface d'environ 10 000 m². L'opération, menée par les archéologues de l'Inrap, a débuté le 20 avril dernier et devrait s'achever le 29 août 2009.
Cette campagne de fouilles est une occasion unique d'étudier sur une telle superficie l'organisation d'un village antique.

 

 

La production de la poix à l’Antiquité

Les traces archéologiques des résines et poix antiques se présentent la plupart du temps sous forme de dépôts sur des vases de service, de stockage et de production. La terminologie est fondamentale car il est important de faire la différence entre les produits dérivés du pin maritime vivant (la résine) et ceux tirés du pin mort (poix, goudrons, brais, etc.). Les zones de production de la poix commencent à être bien reconnues aujourd’hui en sud Gironde et dans les Landes. Cette activité, apparemment courante à l’époque romaine, était favorisée par l’abondance de la matière première le long du littoral aquitain et par le développement de la viticulture et de la batellerie, auxquelles sont liés les principaux usages prêtés à la poix : enduisage des amphores et des vases, calfeutrage des cales des bateaux ou des tonneaux de bois, enduisage des gréements, en particulier des cordages, « poissage » des toiles, éclairage, parfum, etc.

Audenge : un village spécialisé ?

Les indices et les faits liés à l’artisanat de la poix sont si nombreux sur le site d’Audenge, qu’ils ne peuvent découler d’une simple activité artisanale. Il est possible d’envisager la naissance d’une corporation répondant à un nouveau marché ou en tout cas à son essor. Ainsi Audenge pourrait avoir été l’un des plus importants centres de production ou d’affinage de poix du bassin d’Arcachon et du delta de l’Eyre.
L’hypothèse d’un regroupement de ces productions au port de commerce antique de Lamothe-Biganos, composé de grands entrepôts monumentaux construits dans la pure tradition romaine et situé à 5 km d’Audenge, se concrétise de plus en plus. L’objectif de ces recherches est de comprendre les méthodes et la chaîne opératoire de la production de poix durant l’Antiquité, l’organisation des ateliers et leur relation dans la vie quotidienne du village, il y a 2 000 ans
 

Structures de production de la poix : four et jarres

Les témoins essentiels de cette production sont les tessons de grandes jarres ou de cuviers que l'on retrouve un peu partout sur la bande littorale girondine et landaise, notamment à Audenge.
Deux types de structures de production semblent coexister : des fours à bâti simple et des fours à base de grands vases de plusieurs centaines de litres. Dans ce dernier cas, une jarre, ou cuvier inférieur, est posée à terre ou semi-enterrée. Un disque percé d'un orifice est placé à son sommet. Une autre jarre contenant les bûchettes de bois mort est retournée sur l'ensemble, et le feu est mis en extérieur. Eau et poix s'écouleront dans le cuvier inférieur par le trou aménagé dans le disque.
Les sondages réalisés en avril 2008 sur le site d'Audenge ont révélé une structure singulière formée de deux fosses construites avec des tuiles et des fragments de jarres à poix maçonnés à l'argile crue. Ce système méconnu pourrait appartenir à l'une des phases d'affinage des produits goudronneux.