A Orléans, Loiret, le site a été fouillé en 1980 et en 1981 au nord de la cathédrale Sainte-Croix, avant la construction d'un conservatoire de musique, projet finalement abandonné.

Dernière modification
18 mai 2016

Les investigations ont porté sur 1 200 m2 et près de 6 m de profondeur. Elles ont mis au jour les vestiges du castrum, le système défensif du Bas-Empire (IVe siècle), notamment une tour et une portion du mur et du fossé. Restaurés, ces vestiges sont désormais visibles au pied de la cathédrale. 

Un quartier d'habitat du Haut-Empire 

La plus ancienne occupation reconnue correspond à des greniers construits au Ier siècle de notre ère et abandonnés à la fin du Ier siècle, voire au début du IIe siècle. Les structures sont ensuite recouvertes par plusieurs sols de cailloutis. Au nord, se trouvait une cave maçonnée, comblée autour de 350-400, au moment de la construction du castrum. Ces vestiges laissent à penser que l'espace s'articulait de part et d'autre d'une rue est-ouest.
 

Le rempart du Bas-Empire

Le secteur est fortement remanié au IVe siècle avec la construction du rempart ponctué de tours. Le site a révélé un tronçon de 40 m de long orienté est-ouest, sur une fondation peu importante de 0,60 m de profondeur pour une largeur de 2,50 m environ. Les murs antiques sont conservés sur 1,50 m de haut, alors que la hauteur initiale de l'ouvrage devait atteindre 8 à 9 m.
L'édification s'est déroulée à une date imprécise entre 350 et 500. La tour mise au jour, communément nommée tour Sainte-Croix, présentait un diamètre total de 8,20 m. 
Un fossé extérieur a été creusé en avant du rempart, mais seul un segment de 2 m de large pour un peu plus d'1 m de profondeur en a été préservé.
 

Entre occupation et défense

Entre le Ve et le IXe siècle, le caractère défensif du rempart est atténué, au moins en ce qui concerne le fossé, partiellement comblé. Au pied de la tour Sainte-Croix, des constructions prennent place sur la lice (l'espace libre entre le mur et le fossé). 
Le IXe siècle voit la remise en état du mur et de la tour, et le nettoyage de la lice. Cette réfection du système défensif est certainement liée à la menace normande dans la région entre 854 et 868. 
Dès le Xe siècle, des sépultures sont installées dans l'emprise de la lice. Elles sont probablement à mettre en relation avec l'hôtel-Dieu et l'église Saint-Michel, situés et de part et d'autre du rempart à l'époque carolingienne.
 

Restauration et développement du quartier

On ignore tout de l'occupation du site au XIe-XIIe siècle. Dans le courant du XIIIe siècle, la courtine (la section du mur d'enceinte comprise entre deux tours) et la tour du rempart sont soigneusement restaurées. Les murs sont parementés derechef et agrémentés d'archères. Un four à chaux, situé au pied de la tour, peut avoir été lié au chantier de restauration. 
Côté ville, le quartier canonial (l'ensemble des églises et bâtiments des chanoines de la cathédrale) se développe progressivement contre le rempart. Le revers extérieur connaît le même sort aux XIIIe et XIVe siècles, avec la construction de plusieurs maisons d'habitation avec sols carrelés et caves. L'ouverture d'une poterne (petite porte) dans le rempart date peut-être de cette période.
 

Remise en défense contre les Anglais

Cet îlot bâti, propriété de l'hôtel-Dieu, est détruit par les Orléanais dans le premier quart du XVe siècle pour préparer la défense de la ville contre les troupes anglo-bourguignonnes. De nombreux bâtiments situés hors les murs sont alors démolis, pour que les troupes anglaises ne s'en servent pas d'abris. 
On reprend hâtivement le parement de la courtine et l'on bouche les ouvertures. Des travaux d'ampleur sont conduits pour fossoyer les abords du rempart sur environ 18 m de large et 5 m de profondeur.
 

Retour de l'habitat

La fin de la guerre de Cent Ans n'a pas entraîné la restitution immédiate des terrains à l'hôtel-Dieu. Il fallut attendre une quarantaine d'années après la fin du conflit pour que le système défensif soit abandonné et que les constructions puissent reprendre. Les derniers vestiges identifiés sont ceux d'un atelier de taille de pierre, lié à un chantier de restauration de la cathédrale.
 
Pascal Joyeux