A Sinnamary, Guyane, le site a été découvert lors d’un diagnostic faisant partie d’une série d’opérations préventives sur les futures carrières du Cnes destinées à pourvoir en sable la mise en place du pas de tir de la fusée russe Soyouz.

Dernière modification
07 avril 2016

L’ensemble est localisé entre Kourou et Sinnamary. La fouille est installée sur le sommet nord-est d’une colline de sable blanc sur l’ancien rivage du socle précambrien et sur les sédiments holocènes, dans la savane de Malmanoury. Deux niveaux archéologiques superposés ont été fouillés dans vingt fenêtres regroupant 6 000 m2. La superposition de deux niveaux archéologiques distincts est une nouveauté pour la Guyane.

Le premier niveau, à 0,20 m de profondeur, a été décapé à la pelle mécanique. Il date de l’époque amérindienne contemporaine de la fin du XIXe s. Le matériel ramassé consiste pour l’essentiel en poteries amérindiennes à base de dégraissant de kwepi (écorce brûlée). Quelques tessons coloniaux (grès) et quelques objets en ferraille (hache, couteau, etc.) ont aussi été mis au jour. Les structures sont principalement constituées de calages de poteaux formant un carbet (structure d’habitation amérindienne) et de sept sépultures, dont une dans un pot entier (pot utilitaire servant d’urne funéraire). Les corps étaient disposés dans des tombes rondes en position fœtale. La présence d’une petite poterie entière dans plusieurs tombes et d’une grande quantité de perles en verre disposées sur les chevilles, le bassin, les bras (partie humérale) et le cou suggère un rituel d’inhumation amérindien. Cette manière d’inhumer, mais aussi le peu de matériel colonial et l’absence de bouteilles (élément matériel généralement reconnu comme indicateur de sites coloniaux), laisse penser que les Amérindiens de cette région, à la fin du XIXe s., avaient des liens peu développés avec les colons. Les sites amérindiens de cette époque sont mal connus, tout comme l’histoire de la vie quotidienne des Amérindiens durant cette période.

Une seconde couche, à 0,80 m de profondeur, se caractérise par du débitage sur quartz et des amas de quartz qui datent probablement de l’époque précéramique (mésolithique) : vers 1000 av. J.-C. selon la datation C14 obtenue lors du diagnostic. Les vestiges de cette époque sont inconnus en Guyane ou même sur le plateau des Guyanes. La présence d’un filon de quartz qui affleure au sud et au sud-ouest de la colline explique vraisemblablement l’attraction humaine pour cet endroit et la forte densité de débitage de quartz (éclats, nucléus et percuteurs), de haches polies en diorite et d’amas de pierres. L’état de conservation des amas de quartz permet de s’interroger sur leur fonction et leur distribution spatiale. Ils sont inconnus à l’époque céramique ; cette situation sous-tend vraisemblablement la présence d’un nouveau type de vestiges ou d’une nouvelle tradition précéramique en Guyane. Ces amas de quartz peuvent être comparés aux amas des fours polynésiens. Ils peuvent traduire une méthode de cuisson matérialisée par des stigmates de chauffe : des cupules thermiques. Au cours de la fouille, des concentrations d’amas regroupant de dix à quinze structures peuvent matérialiser un campement ponctuel ou plus saisonnier sur la colline au cours du IIe millénaire av. J.-C. Les datations par thermoluminescence nous aideront à fixer un jalon chronologique pour cette phase de l’histoire ancienne de la Guyane.