Une intervention archéologique à Chaillon, Meuse.

Chronique de site
Dernière modification
10 mai 2016

La zone concernée par cette intervention archéologique se trouve à l'ouest du village : il s'agit d'un petit vallon sec au relief assez marqué, s'ouvrant à l'ouest sur la vallée de la Creuë. 

Protohistoire

Une opération de sondages a permis de circonscrire une nécropole protohistorique qui s'étend probablement sur une longueur de 50 m, le long d'une bande étroite de part et d'autre du chemin rural.

Moyen Âge

Un site funéraire, installé en partie sur les ruines d'une villa gallo-romaine, a livré les restes de 33 individus se répartissant dans les 25 sépultures mises au jour. Il a été daté du haut Moyen Âge.

On remarque que 50 % des structures funéraires sont aménagées le long des murs. Elles sont plutôt rectangulaires (46 % des cas) ou ovoïdes (24 %), plutôt étroites (48 %), et assez régulières dans l'ensemble (48 %), les fosses irrégulières étant plutôt en connexion avec les murs de la villa.

Les restes osseux et dentaires sont dans l'ensemble assez mal représentés (60 %) et assez mal conservés (51,5 %).

On compte 63,3 % d'adultes sur 33 individus dont une forte proportion dont l'âge dépasserait 30 ans.

La population immature représente 36,3 % du total et la classe 0-4 ans 50 % de la totalité des immatures, ce qui semble correct pour les populations de cette époque. Lorsque l'on rapporte les pourcentages d'immatures à la population totale, on se rend compte qu'il manque des individus de la classe 0-4 ans puisque leur coefficient de mortalité est de 181 pour mille alors qu'il est en général de 250 à 300 pour mille pour des populations dont l'espérance de vie à la naissance est de 30 à 35 ans. Ce manque peut venir en partie d'une conservation différentielle des os dans le sol ou d'oubli à la fouille.

Nous avons pu déterminer le sexe de 68 % de la population adulte (40,9 % d'hommes et 27,2 % de femmes), plus un sujet adolescent dont les os du bassin étaient synostosés. On remarquera un pourcentage important d'indéterminés (31,8 %) résultant de la mauvaise conservation des os coxaux sur ce site. Si l'on corrèle l'âge au sexe, on s'aperçoit que 50 % des femmes ont un âge estimé à moins de 30 ans et 88,8 % des hommes à plus de 30 ans.

Ces résultats bruts sont à examiner avec prudence dans la mesure où l'échantillon auquel nous avons affaire est faible, que le matériel est mal conservé et que nous sommes loin d'être sûrs que tout l'ensemble funéraire a été fouillé, s'agissant d'une fouille de sauvetage limitée à une certaine aire de décapage.

L'état sanitaire de la population n'a révélé aucun indice de stress sur les squelettes et les pathologies détectées sont plutôt d'ordre dentaire, essentiellement des caries, une usure assez prononcée et surtout des pertes ante mortem puisqu'elles concernent 61,9 % des adultes, dont 84,6 % de sexe masculin dont l'âge estimé se situe au-dessus de 30 ans.

Les tombes étroites contiennent en général tout juste le corps du défunt et ont entraîné des compressions aux épaules, au niveau du bassin ou des membres des inhumés. Pour les fosses larges (12 % des sépultures), il y a absence de contact entre les bords et le corps, et on remarque pourtant des effets de paroi, ce qui laisse présager la présence de contenants périssables de type cercueil isolant le corps de la fosse.

On note pour une sépulture des indices d'un repose-tête ou d'un coussin funéraire périssable.

Dans 76 % des cas, les sépultures sont individuelles. On note deux sépultures doubles à inhumation simultanée d'un homme et d'une femme pour l'une, et de deux immatures pour l'autre. Ces sépultures ont également révélé chacune les restes d'un individu de la classe 0-4 ans. Mais nous ne savons pas si ces os résultent de remaniements ou s'ils ont été inhumés en même temps que les autres et donc si nous sommes en présence de sépultures triples.