Sur prescription de l'Etat, une équipe de l'Inrap a fouillé en 2004 une importante occupation d'époque mérovingienne (VIe-VIIe siècles) au lieu-dit des « Noires terres» (Messein, Meurthe-et-Moselle). Dans la partie sud du chantier, une série de fosses modernes a été repérée. L'une d'elles, la fosse 1221, contenait une bouteille.
 

Dernière modification
19 février 2016
Cette bouteille de Champigneulles, bière de production régionale, est en verre avec un système de fermeture mécanique à bouchon de porcelaine. A l'intérieur : une lettre roulée, datée d'Oklahoma City le 15 juillet 1918. Ce courrier est adressé au sergent Morres Vickers Liepman, Battery D 130th Field a, 35th Division American expeditionary.
 
Message in a bottle
Le quotidien britannique, The Independent, a consacré un grand article à la découverte de la lettre adressée au sergent Liepman, largement relayé par les généalogistes amateurs sur le net. Grâce à eux, la famille Liepman a contacté l'Inrap et  lui a confié des photos de famille, dont certaines sont présentées dans l'album, et une biographie de Morres Liepman,  dont vous pouvez télécharger le fichier.  Consultez également le reportage vidéo actualisé. 

My dear Morres...

En quatre feuillets, « tante Pete », écrit à son neveu, parti au front, des nouvelles du pays. Elle y décrit aussi une Amérique mobilisée, la difficulté de trouver de la main d'oeuvre et l'enrôlement massifs des noirs. Elle regrette les effets des ciseaux de la censure et conseille son neveu sur ce sujet.
Morres V. Liepman, étudiant à Pittsburg (Kansas), s'engage dans l'armée américaine le 25 juillet 1917. Arrivé au Havre en juin 1918, il participe aux batailles d'Argonne, de Saint-Mihiel, de Verdun et des Vosges. À l'automne 1918, son unité est stationnée dans le secteur de la forêt de Haye (environs de Nancy). Le cantonnement du sergent Liepman, est donc proche des « Noires terres ».
De retour aux Etats-Unis en août 1919, il est démobilisé le 3 septembre à Camp Dodge (Iowa).

La restauration du courrier

Le courrier adressé par sa « tante Pete » se compose d'une enveloppe et de quatre feuillets sur papier à pâte mécanique, illustré. Ces feuillets sont à l'entête de Robert M. Scott, droguist à Oklahoma city. Seul leur recto est manuscrit avec une encre bleue à base d'aniline.
La présence d'une petite quantité d'eau au fond de la bouteille a occasionné quelques dégradations sur les bords de l'enveloppe et des feuillets en contact direct avec celui-ci. L'enveloppe  a été déchirée lors de son ouverture. L'atelier de restauration de documents graphiques, de reliures et de dorures, du département de la conservation des Archives nationales a assuré la restauration des manuscrits.

Archéologie de la Grande Guerre

Depuis une quinzaine d'années, les archéologues de l'Est et du Nord de la France sont souvent confrontés aux vestiges de la Grande Guerre. D'abord considérés comme éléments perturbateurs lors de campagnes de fouilles, voire source potentielle de danger, ces vestiges sont devenus peu à peu objets même de l'archéologie. L'intérêt des archéologues s'est essentiellement porté sur l'anthropologie funéraire : sépulture d'Alain Fournier à Saint-Rémy-la-Calonne, fosse du 10e Lincolnshire à Arras...
En 2003, une équipe de l'Inrap restituait la dépouille et les objets personnels de deux soldats américains tombés au champ d'honneur à Soisson en 1918. L'un d'eux, Francis Luppo, a été identifié, grâce à une analyse ADN, et inhumé au cimetière militaire d'Arlington le 25 septembre 2006.
Aménagement : OPAC de Meurthe-et-Moselle et SOLOREM
Contrôle scientifique : Service régional de l'archéologie de Lorraine (DRAC Lorraine)
Responsables scientifiques : Marilyne Prévot, Inrap et Marc Leroy, cnrs, umr 5060
Restauration et présentation des documents : Atelier de restauration de documents graphiques, de reliures et de dorures, du département de la conservation des Archives nationales
Restauration de la bouteille : Laboratoire d'archéologie des métaux de Nancy-Jarville