A Moissy-Cramayel, Seine-et-Marne, une surface d'environ 52 ha a été mise à disposition par la société Prologis en vue de la réalisation d'un diagnostic archéologique.

Dernière modification
19 février 2016

Cette première phase s'est déroulée pendant le mois d'août 2003 (V. Gonzalez, Inrap ). Quatre opérations de fouilles complémentaires ont été réalisées sur une surface totale d'environ 2 ha. Elles ont nécessité la présence de deux pelles mécaniques et d'un pousseur, totalisant 60 jours ouvrés, ainsi que la présence d'une minipelle pendant 5 jours. Les fouilles ont mobilisé huit archéologues et un topographe, totalisant environ 300 jours ouvrés sur le terrain.


La ferme gallo-romaine de La Mare aux Canes
(50 avant J.-C.-300 apr. J.-C.)

Le Parc de Chanteloup est localisé sur le plateau briard qui domine les vallées de la Seine et de l'Yerres à une altitude moyenne de 86 m. C'est une pénéplaine à relief plat où sont conservées sous forme de microreliefs quelques buttes stampiennes (J. Legriel, Inrap). Sur les zones fouillées, les limons hétérogènes de plateau présentent une épaisseur sous labours n'excédant pas 1 m, et le plus souvent comprise entre 0,40 et 0,60 m. Ils reposent sur un horizon induré de cailloutis alluvial remanié (Cailloutis de Sénart) couronnant les argiles à meulière.

Deux campagnes de sondages archéologiques, en 2003 et 2007, ont permis de mettre au jour plusieurs occupations. La fréquentation de l'emprise dès la période du Néolithique (env. Ve -IVe millénaires avant J.-C.) se traduit par la présence erratique de tessons, d'un fragment de bracelet en schiste et de pièces lithiques (J. Durand, Inrap). Des fosses concentrées sur une surface de 0,5 ha ont livré des éléments caractéristiques de la fin du Hallstatt final et de La Tène ancienne (env. 550-300 avant J.-C.). Le mobilier comprend des éléments correspondant aux activités et occupations liées à un habitat rural. Cette zone a livré plusieurs aménagements et bâtiments sur poteaux non datés. Leurs morphologies correspondent aux structures d'habitat connues pour le premier et le début du deuxième âge du Fer. Les diagnostics ont aussi révélé un dense réseau de fossés ainsi qu'une partie d'établissement rural à enclos gallo-romains.
 
Les fouilles ont mis au jour une ferme antique (Gonzalez et al. 2003 ; Desrayaud 2005 ; 2007). Le suivi des fossés d'enclos permet d'évaluer la superficie du site à environ 1,2 ha. En son centre, 1 500 m2 n'ont pas été appréhendés. À l'est, 2 000 m2 ont été détruits par des terrassements récents. Cette zone semblait correspondre à la partie dite résidentielle, potentiellement la plus riche archéologiquement, comme paraît l'attester la présence de constructions sur fondations de pierres et poteaux, à l'angle sud-est des enclos. La faible densité et la relative « légèreté » des vestiges attestent d'un établissement d'envergure réduite, de taille moyenne. Le mobilier archéologique le situe entre la fin de la période gauloise (seconde moitié du Ier siècle avant J.-C.) et le IIIe siècle apr. J.-C. Il s'inscrit par ailleurs au sein d'un réseau de fossés parcellaires contemporains couvrant plusieurs dizaines d'hectares.

Deux phases d'enclos ont pu être dissociées. La première, partiellement dégagée, se compose de 3 pans fossoyés approximativement orthogonaux, comblés entre 50 et 125 apr. J.-C. environ. Deux fossés divisent l'intérieur de l'enclos dans le sens de la longueur en deux parties approximativement égales. De part et d'autre, des fossés forment des subdivisions internes partiellement symétriques. Cette configuration en « antenne », axée sur le centre du pan ouest (entrée ?), a été observée sur plusieurs sites antiques. Ce type de vestiges pourrait correspondre à un système servant à guider le bétail.

Situés à l'intérieur du premier enclos, les bâtiments 1 et 2, à pans coupés, de tradition gauloise, peuvent être rattachés à cette première phase d'occupation. Leur fonction demeure incertaine (habitat ?). La seconde phase d'enclos se compose de 4 pans à fossé double, qui forment un enclos subrectangulaire est-ouest d'environ 130 x 90 m. Sur le pan ouest, une interruption reprend approximativement la localisation de la probable entrée de la première phase. La mare 2, peu profonde aux bords empierrés, pourrait être liée à l'entretien de bétail. Cela pourrait également être le cas d'au moins une partie des aménagements entourant le puits à eau à margelle. Le bâtiment 5, à fondation de pierres, est au moins en partie contemporain avec le second enclos. Le bâtiment 4 (grenier sur 12 poteaux ?) lui est antérieur. Il ne peut cependant pas être attribué avec certitude à l'une ou l'autre des phases. Il est probable que ces deux bâtiments correspondent à des structures de stockage.

Pour la seconde phase, la partie ouest de l'enclos semble revêtir des fonctions agropastorales, sans présence d'habitat. Elle correspondrait alors au schéma « classique » de « partie agricole » (pars rustica) de la ferme.
La mare 1, comblée à la période contemporaine, se situe dans l'angle nord-ouest des enclos de l'établissement rural gallo-romain. Cette zone constitue le point bas du site. Elle correspond également au point de convergence des pendages des fossés gallo-romains. L'aménagement en mare de ce secteur dès la période antique est donc probable.
Au plus tard pendant la seconde moitié du IIIe siècle apr. J.-C., l'établissement est abandonné et les fossés d'enclos remblayés.