À Saint-Junien, Haute-Vienne, dans le cadre d'un vaste projet d'aménagement (réfection de la voirie et des réseaux) de toute la Place Lénine, à l'est de la collégiale, et des rues adjacentes, un diagnostic archéologique a été demandé par la Mairie de Saint-Junien.

Dernière modification
10 mai 2016

Concernant les éventuels cimetières attenants à la collégiale, le diagnostic devait permettre de délimiter l'ampleur en surface des zones d'inhumation mais aussi la puissance stratigraphique, c'est-à-dire l'épaisseur des niveaux archéologiques concernés par l'opération.
 
Au total, 14 sondages ont été réalisés sur l'ensemble du projet. De nombreuses structures en creux sont apparues perçant le substrat, dont quelques sépultures en pleine terre ou en tombes bâties. La plupart des fosses semblent appartenir à la période médiévale, voire au haut Moyen Âge. Des maçonneries de constructions plutôt modernes ou contemporaines ont également été entrevues. La structure essentielle demeure cependant un large fossé défensif faisant le tour du chevet de la collégiale et passant partiellement en dessous. Antérieur au XIIIe siècle, il était jusqu'ici totalement insoupçonné.


Les vestiges archéologiques sont très denses et apparaissent souvent à faible profondeur (entre 0,40 m et 1 m).
On notera la présence de maçonneries de bâtiments antérieurs à 1884 et remontant peut-être au XVIIe siècle. Une « citerne », dotée au fond de carreaux de terre cuite, a été dégagée, ainsi que le sol d'une salle au sol de tomettes. À proximité, deux vastes foyers, aménagés sur des pierres à plat associées à des lits d'argile, devaient être associés à un espace artisanal à la fonction indéterminée. Un puits, simplement obturé en surface par un bouchon de pierres, était plein d'eau et doit avoir fonctionné à une époque récente.
 
Au nord de l'église, mais également au sud-est, plusieurs sépultures ont été mises au jour. L'aménagement des tombes bâties était constitué de pierres de chant contre les parois et de dalles de gneiss disposées à plat en guise de couverture. Ce type de sépulture, dans lesquelles les offrandes sont généralement absentes, est daté d'une période comprise entre le XIIe et le XIVe siècle. Les squelettes ont été très ponctuellement dégagés ; les os étaient relativement bien conservés.
 
De nombreux creusements s'ouvraient dans le terrain géologique. Certains pourraient s'apparenter à des silos pour le stockage du grain, mais la plupart sont des trous de poteau dont le diamètre pouvait être important (près de 0,50 m), ce qui laisse imaginer la présence de puissants bâtiments de terre et de bois. Ces creusements pourraient remonter au haut Moyen Âge, et peut-être aux IXe et Xe siècles. L'exiguïté des sondages n'a cependant pas permis de percevoir une organisation quelconque.
 
Pour finir, la structure la plus imposante consiste en un vaste fossé, large de plus de 6 m et profond de plus de 3,30 m, qui semble entourer tout le chevet de la collégiale, et passer partiellement sous celui-ci. Ceci indique que le fossé a fonctionné et a été comblé avant la construction de l'église, ou bien avant l'extension de son chevet. Que protégeait ce vaste fossé défensif ? L'espace religieux primitif ? Une motte associée à ce dernier et assurant sa protection ? La découverte de pièces de bois dans les remplissages humides en fond de fossé permettra peut-être de préciser ces datations par dendrochronologie (étude des cernes). On notera que ce fossé recoupe d'autres creusements très profonds, donc plus anciens...
 
Comme on peut le constater, les sondages archéologiques pratiqués sur la place Lénine à Saint-Junien laissent entrevoir la densité des vestiges, toutes périodes confondues, situés juste sous nos pieds. Une recherche plus large, sortant du cadre limité et restreint de simples sondages, permettrait de renouveler la connaissance de l'évolution de la cité, depuis la première installation jusqu'à nos jours, en confirmant certains points et en apportant des informations historiques nouvelles, jusqu'ici oubliées...