À Épernon, Eure-et-Loir, le diagnostic, réalisé en 2006, a révélé sur plusieurs hectares l'existence d'un site du haut Moyen Âge à occupation longue et en bon état de conservation.

Dernière modification
13 juin 2016

Ce site était menacé par la construction d'un vaste ensemble immobilier en périphérie du coeur historique de la ville d'Épernon, sur le bas du versant sud de la vallée de la Drouette. En 2007, une première campagne de fouilles a porté sur une surface de 4 300 m². En 2008, deux décapages disjoints (secteurs A1, contigu de la fouille de 2006, et A2) portent sur une surface de 14 000 m². La fin de la fouille du secteur A2 reste à venir.


La campagne de fouilles de 2008 vient de s'achever et les études, à la date du 24 juillet 2008, viennent de débuter. Les résultats de terrain que nous présentons ici devront donc être complétés. Les datations et le phasage de l'occupation, notamment, restent à établir avec précision.
 
Les vestiges les plus anciens (VI-VIIe siècles) sont constitués de quelques fosses appartenant à une occupation encore mal définie. Dans la seconde moitié du VIIIe siècle, un habitat ouvert, peu dense, se développe sur toute la longueur connue du versant. De cette première occupation typiquement rurale, on connait les plans de bâtiments sur poteaux associés à des silos à grains, des fours culinaires semi-enterrés et quelques fosses aménagées pour les activités artisanales des occupants. Les rejets multiples recueillis dans les nombreuses fosses montrent tous les aspects de la vie économique de cet habitat. Une activité de préparation de pierres de meules (la meulière affleure sur le plateau qui domine le site) est soupçonnée. Cette occupation perdure jusqu'au IXe siècle, où l'on voit apparaître quelques fonds de cabane à poteaux extérieurs.
 
Au Xe siècle, un important changement architectural intervient. Sur le secteur A2, notamment, l'habitat s'établit plus haut sur le versant. Les occupants se dispersent en noyaux probablement familiaux pour fonder des unités domestiques nettement séparées. Les activités décelées sont encore agricoles et artisanales. Quelques fossés de délimitation sont aménagés pendant cette période. Chaque unité comporte un ou deux fonds de cabane de grande taille (habitation ?), des silos souterrains et, peut-être, une petite construction sur poteaux. On trouve également des fosses aménagées (petits fonds de cabane interprétés comme des ateliers) et un profond cellier aménagé. Les fours culinaires (on en compte déjà huit sur tout le site) sont construits à l'écart de l'habitat, certains montrent des phases de construction multiples. Ces fours de grande taille sont certainement utilisés par plusieurs groupes familiaux. Quatre sépultures ont été découvertes dans le comblement ou à proximité de ces fours. Cette phase d'occupation perdure jusqu'au XIe siècle, sans montrer une croissance notable. Pour l'instant, on pense que le versant est abandonné par ses habitants avant la fin du XIe siècle.
 
La campagne de fouilles de 2008 n'a pas encore permis de localiser et d'identifier l'activité métallurgique révélée par le diagnostic. Des scories ont été recueillies en position secondaire un peu partout sur A2 (elles sont plus rares sur A1) et on espère que la fin des fouilles permettra la mise au jour des vestiges de cette activité.