À Quinssaines, Prémilhat et Domérat (Allier), l'opération de diagnostic archéologique doit se dérouler en deux phases. 

Chronique de site
Dernière modification
26 mai 2016

La première phase concerne la presque totalité du tracé. La deuxième phase, qui sera réalisée ultérieurement, concerne une parcelle qui sert actuellement de dépôt de terre.

L'emprise du tracé est d'une longueur d'environ 6 750 km avec une largeur moyenne de 0,40 m. Il existe tout de même des élargissements notables : une aire de repos au lieu-dit Champ-Leva, d'une surface de 92 414 m², et l'échangeur de Domérat au lieu-dit La Croix du Mery ( 89 644 m²). La surface totale de l'emprise du tracé est de 774 655 m². Si l'on soustrait la surface du dépôt, la surface à sonder lors de cette première phase est de 746 293,62 m². La surface ouverte est de 33 711,45 m², soit 4.51 % de la surface totale, ou 4.65 % en excluant deux petites parcelles où il n'a pas été possible de sonder.

Cette évaluation archéologique a été motivée par l'aménagement de la route Centre Europe Atlantique qui traverse tout le département de l'Allier d'est en ouest. La section concernée est située en bordure occidentale de ce département, entre le rond-point de Domérat, à la sortie ouest de Montluçon, et la limite communale Lamaids-Quinssaines. Le diagnostic a permis de mettre au jour cinq sites principaux. Quatre sont situés sur la commune de Quinssaines et le dernier sur la commune de Prémilhat.

Site 1

Le premier, au lieu-dit Le Gournillat, est attribuable à la période médiévale. Le site se caractérise par un ensemble de structures fossoyées. La céramique trouvée dans les fosses est un mobilier d'usage domestique, dont les formes reconnues permettent de dater le site archéologique des XIIIe et/ou XIVe ap. J.-C. Cela correspond peut-être à un habitat. Cependant, aucun bâtiment ou aménagement particulier n'a été repéré. Reste l'hypothèse d'une occupation à caractère agricole liée à un habitat qui serait proche mais hors du tracé de la RCEA. Peut-être le domaine d'Auzannes situé à environ 400 m au sud-ouest du site.
 

Site 2

Le site suivant, au lieu-dit Champ-Leva, est une occupation gallo-romaine. Un fossé, dont la largeur à l'ouverture est de 2,10 m et la profondeur conservée de 0,60 m, semble dessiner un enclos rectangulaire dont la partie sud, en bas de pente, a disparu en raison de l'érosion. Cette structure a livré un mobilier très abondant qui correspond à des rejets domestiques usuels. Les sondages ont aussi permis de repérer deux trous de poteau et plusieurs fosses. La période d'occupation de ce lieu se situe entre le début du Ier s. et la fin du IIe ap. J.-C. ou le début du siècle suivant. Il est très difficile de caractériser plus précisément cette occupation : enclos funéraire ou enclos à usage agricole (élevage) ?
 

Site 3

Les vestiges mis au jour au lieu-dit Le Bournadiau, à proximité du domaine de Cordeix, sont eux aussi attribuables à la période gallo-romaine. Le site se caractérise par la présence de deux bâtiments. Le premier est un bassin de 6 x 8 m. L'intérieur est recouvert d'un enduit hydraulique. Le deuxième bâtiment possède des fondations de 0,80 m de profondeur. Seuls trois des quatre murs ont été repérés. La largeur intérieure de l'édifice est de 8 m. Cette occupation dépend probablement d'un établissement rural. Les deux bâtiments mis au jour sont imposants et laissent présager un site d'importance qui se situerait sous le domaine actuel du Cordeix. Le site est daté sans précision supplémentaire du Haut-Empire, avec une possibilité d'utilisation encore au Bas-Empire. Il a notamment livré quelques céramiques sigillées des phases 3 (milieu Ier aux Flaviens) et phase 7 de Lezoux (milieu IIe début IIIe s. ap. J.-C.). Deux tessons de céramiques grises polies sont susceptibles de dater de l'Antiquité tardive. En effet, la découverte de céramiques grises d'apparence tardive à l'intérieur du bassin suggère que cet aménagement aurait été délaissé dans le courant du IIIe ou du IVe s. ap. J.-C.
 

Site 4

Une occupation néolithique a été découverte dans les sondages effectués dans la parcelle qui jouxte le site gallo-romain (site 3). Le mauvais état de la céramique n'a pas permis de proposer une chronologie précise. Cependant, sur la base d'un petit assemblage de silex lithique taillé et d'éléments de quartz débités, une période chronologique a été déterminée avec certitude au lieu-dit Le Bournadiau, c'est-à-dire celle du Néolithique final. Avec la présence de fosses, d'un fossé et d'un horizon conservé partiellement, le statut de l'occupation (ou des occupations) de cette ultime période du Néolithique n'est pas aisément identifiable. À titre d'hypothèse, nous supposons qu'il peut s'agir d'une occupation apparemment stratifiée et structurée dont la fonction (habitat ? camp fortifié ? aires d'activités domestiques ?) ne pourra être précisée qu'à l'issue d'une fouille de sauvetage. Celle-ci s'avère d'ailleurs nécessaire à en juger par la rareté des sites du Néolithique final en Auvergne et en particulier dans le domaine de la Marche-Guéret, au nord de la Combraille.
 

Site 5

Ce dernier site est sur la commune de Prémilhat, au lieu-dit Les Moriaux. Il s'agit d'une très forte concentration de structures fossoyées en bordure d'un ruisseau. En l'état, il est difficile de proposer une fonction à ce site. Les fosses semblent être à usage domestique, mais aucun indice ne permet de parler d'habitat. Seule la fouille exhaustive du site permettrait de répondre. L'état de la céramique et l'absence de marqueurs particuliers ne permettent pas non plus de proposer une datation précise. L'occupation de ce lieu est  attribuable à la période de transition entre la fin de l'âge du Bronze et le début de l'âge du Fer.

Ce diagnostic a permis de mieux connaître l'occupation de ces plateaux situés aux confins occidentaux du Bourbonnais. Il a été possible de mettre en évidence une occupation qui va du Néolithique jusqu'au Moyen Âge.