À Prasville, Eure-et-Loir, le site correspond à un indice d'occupation de la période Chalcolithique, représenté par la découverte de deux lots de céramiques campaniformes, et une occupation gallo-romaine, consistant en un ensemble d'enclos fossoyés et un bâtiment, qui couvrent une superficie de 2 ha et se développent de part et d'autre de la RD 107.2.

Dernière modification
17 mai 2016

L'emprise de la fouille, d'une superficie de 6 000 m2, forme un quadrilatère, coupé en diagonale par la RD 107.2. Elle concerne le plus petit des deux enclos découverts au diagnostic, le bâtiment situé au nord-est de cet enclos et une série de fossés situés au sud-est.
 


Le diagnostic a montré que l'occupation la plus ancienne du site remonte au Chalcolithique, entre l'extrême fin du IIIe millénaire et le début du IIe millénaire avant notre ère. Elle est liée à la culture campaniforme, représentée sur le site par deux lots céramiques, dont la particularité réside dans l'unicité des décors ongulés, déclinés sous toutes ses composantes connues. La nature de l'occupation n'a pu être déterminée, faute de structure visible. Malgré l'attention particulière apportée à la recherche de vestiges chalcolithiques dans le but de mieux caractériser leur contexte, aucun nouveau fait archéologique n'a pu être observé lors de la fouille.
 
Après un abandon d'un millénaire, le site est de nouveau occupé des années 10 jusqu'aux années 60 de notre ère.
Entre les années 10 et 30, un premier enclos fossoyé, de forme trapézoïdale (56 m sur 48 m), est implanté (enclos 1). Un second enclos fossoyé, supposé rectangulaire au diagnostic (ses dimensions visibles sont de 154 m sur 124 m), vient se greffer au premier par le côté occidental en l'incluant dans sa surface interne (enclos 2). Enfin, des fossés sont creusés au sud-est afin de raccorder les deux enclos (structure 4).
 
Le site est progressivement réorganisé. Le premier enclos est aménagé au moyen de fossés (F 109, F 110 et F 113) qui partitionnent son espace intérieur. L'angle des fossés raccordant les deux enclos est réutilisé comme fond de four et les fossés sont abandonnés. Ils sont comblés et recoupés par une série de fosses.

Entre les années 20 et 50, des maçonneries en pierres sèches sont montées à l'emplacement des fossés du premier enclos afin d'élever des murs ou d'établir une fondation en pierre pour un mur en terre ou à ossature en bois.

Le secteur d'habitat n'est pas localisé avec certitude. Il correspond peut-être à un bâtiment en pierres sèches, situé au nord-est du premier enclos, à l'intérieur du second enclos. Sa fonction n'est pas identifiée et sa datation peut s'étendre des années 10 au IIe siècle de notre ère. La présence de trous de poteau et de fosses à l'ouest, le long de la RD 107.2, laisse penser que le secteur d'habitat pourrait également se situer au milieu du premier enclos. La découverte d'un four à cet endroit témoigne du déroulement d'activités domestiques dès les années 10. L'ensemble du mobilier (terres cuites architecturales, torchis, enduit et blocs calcaire dans le remplissage des fosses, mobilier céramique largement dominé par de la vaisselle domestique, atteste la présence de bâtiments et d'un contexte d'habitat.

La découverte de fosses qui s'apparentent à des silos (F 3 et F 17) et d'outils agricoles ainsi que les caractéristiques des restes fauniques prélevés évoquent la pratique d'activités agricoles.
Enfin, une fosse atteste la pratique d'une activité d'extraction de calcaire (F 217) qui, compte tenu de la taille de la fosse d'extraction, n'a pu suffire à la construction des maçonneries et du bâtiment observés. Les blocs utilisés proviennent sans doute d'une carrière environnante, le Moulin de Pierre à Prasville (à 1 km au sud-est de Rougemont) ou encore Bois Brûlé à Moutiers (à 1 km au nord-est de Rougemont).
 
Le site gallo-romain de Rougemont s'apparente à une ferme et présente des caractéristiques communes avec des sites datant de La Tène finale et de l'époque augustéenne. La forme trapézoïdale du premier enclos et la part importante d'équidés que le comblement de ses fossés a livré le rapproche, par exemple, du site de Vers Chesnay à Prasville, situé à seulement 1,5 km au sud-est de Rougemont.