Le bourg de Cinais (Indre-et-Loire) se situe en rive gauche de la Vienne, à moins d'une quinzaine de kilomètres de sa confluence avec la Loire. Le site est implanté au pied du coteau calcaire qui domine la vallée de la Vienne.

Dernière modification
19 février 2016

Dans ce secteur, il est largement entaillé par le Négron, un petit affluent. Cette entaille naturelle est considérée comme le point de franchissement de la Vienne par la voie antique Chinon-Loudun. Compte tenu de sa superficie, estimée à plusieurs hectares, le site est interprété comme une petite agglomération secondaire antique.

L'intervention

Les vestiges ont été mis au jour à l'occasion des travaux de construction d'un espace intercommunal d'une superficie d'environ 2,5 ha. La destruction du site a été signalée alors que les bâtiments, voiries et réseaux étaient déjà en place. Les vestiges ont été recoupés dans l'emprise d'un bassin d'assainissement de 450 m2. Lors de l'arrêt des travaux, les deux-tiers étaient terrassés et les vestiges détruits ou en cours de destruction, le dernier tiers étant conservé sous le roulement des engins. Une intervention de sauvetage urgent décidée par l'État (Drac Centre) a permis de mobiliser une équipe de deux archéologues de l'Inrap pendant quatre semaines.

Un ensemble thermal antique de quatorze pièces

La fouille a montré que les maçonneries antiques se développent sur plus de 500 m2. Seule la limite sud de leur extension semble atteinte ; dans les autres directions elles se poursuivent hors emprise. Dans cet espace, la fouille a permis d'individualiser quatorze pièces (numérotées de P1 à P14 sur le plan du site) se rattachant à un ensemble balnéaire antique.

L'organisation des vestiges

État 1 : IIe-IIIe s. de notre ère

Ces  thermes s'organisent au sud d'un espace ouvert, probablement la palestre (P12 - lieu non couvert pour faire des exercices physiques avant d'aller prendre son bain), encadrée d'une galerie à portique (P11). Au sud, elle est bordée par un bâtiment de 14,50 x 5,50 m, aux extrémités duquel sont installées deux pièces de service. La première, à l'ouest (P4), est occupée par un praefurnium (système de foyer - À partir du praefurnium, l'air chaud circulait dans le sous-sol des thermes) qui alimente une salle sur hypocauste de 27 m2 (P5) et, au sud, une pièce de 17 m2 (P8).
Au sud-ouest, une seconde chaufferie (P1) alimente une pièce dont nous ne connaissons pas l'extension (P2). La largeur du canal de chauffe et la robustesse de sa construction laisse supposer que ce système pouvait supporter un bassin ou une chaudière.
Au cours de cet état, les sols de béton des salles chauffées (suspensurae) reposent sur des pilettes de terre cuite. Des tubuli (conduits par où circule l'air chaud), eux aussi en terre cuite, sont engagés dans les maçonneries ; régulièrement espacés, ils assurent la diffusion de la chaleur et l'évacuation des fumées.

État 2 : fin IIIe-courant IVe s. de notre ère

Dans un second temps, probablement suite à un incendie, une large partie des constructions est réaménagée. À cette période le second praefurnium et la salle située au sud-ouest semblent abandonnés.
Les maçonneries de la galerie et du bâtiment principal sont largement reprises. La pièce centrale chauffée (P5) est conservée, mais la salle située au sud est remplacée par une abside (P9). Au sud-est, une pièce nouvelle de 11 m2 (P14), de plan carré, est créée. Le chauffage des trois salles est assuré par le praefurnium, toujours situé dans la pièce P4.

Dans ce second état, les suspensurae sur pilettes ont disparu et la diffusion de la chaleur est assurée par des canaux de 0,20 m de large et 0,40 m de haut, régulièrement répartis sous les sols de béton. L'évacuation des fumées est toujours assurée par des tubuli en terre cuite insérés dans les maçonneries. Fait assez exceptionnel, on note que la pièce P14 conservait son sol de  béton ainsi que son seuil d'accès.

Au regard du plan partiel recueilli à l'issue de l'intervention, il reste difficile de restituer les dimensions originelles de cet ensemble thermal. Les comparaisons avec les sites les plus complets les plus proches permettent de rapprocher les thermes de Cinais de ceux des agglomérations secondaires antiques d'Aubigné-Racan (Sarthe), d'Antigny Le-Gué-de-Sciaux et de Rom (Vienne). L'étude à venir permettra d'affiner le processus de leur évolution depuis le IIe jusqu'au IVe s. de notre ère, en particulier celui des systèmes de chauffe, et de préciser la fonction des différentes pièces identifiées.