En préalable à la construction du canal Seine-Nord Europe, sous maitrise d'ouvrage de Voies navigables de France, l'Inrap conduit le plus grand chantier de diagnostics archéologiques entrepris en Europe.

Dernière modification
19 février 2016

Entre Compiègne et Aubencheul-au-Bac, cet ouvrage exceptionnel permettra la circulation des péniches à grand gabarit de la Seine à l'Escaut en traversant 66 communes de l'Oise, de la Somme, de l'Aisne, du Pas-de-Calais et du Nord.
Long de 106 km, le canal aura une emprise d'environ 2 500 hectares, soit en moyenne 25 hectares au km, correspondant à près de trois fois l'emprise d'une autoroute. Il comportera 7 écluses, 3 ponts-canaux, 59 ponts routiers et ferroviaires.

Le canal Seine-Nord Europe
 

2 500 hectares de diagnostics

Prescrits par l'État, les diagnostics sont réalisés en amont du chantier afin d'identifier les traces d'occupations humaines. Ces diagnostics - le plus souvent des sondages mécanisés sur environ 10 % des surfaces - permettent de détecter et de dater les vestiges. Deux types de sondages sont effectués : des sondages de surface, pour identifier les sites historiques et protohistoriques ; des sondages profonds, en puits, pour les sites préhistoriques.
L'opération, exceptionnelle par son ampleur, inclut le tracé principal du canal, les plateformes multimodales et les zones de dépôt. Les archéologues étudient des niveaux jamais atteints, de 14 m de profondeur, permettant d'identifier des vestiges du Paléolithique enfouis dans les épaisses strates de loess, caractéristiques de cette région, déposées lors des périodes glaciaires.

Un calendrier serré

Les diagnostics ont débuté fin 2008 sur les zones des ouvrages d'art ; ils seront ensuite réalisés sur la section courante du tracé, les bassins-réservoirs et les plateformes en 2009, et sur les zones de dépôt en 2010. Actuellement les 7 équipes travaillant sur les 1 350 hectares de la section courante ont déjà sondé 400 hectares. Les sections concernant la Somme sont en cours de sondage, celles du Pas-de-Calais seront achevées au cours de l'été 2009, celles de l'Oise seront accessibles après les moissons de l'été 2009.

Des moyens exceptionnels

Une quarantaine d'archéologues et une quinzaine de pelles mécaniques sont actuellement mobilisés pour réaliser les diagnostics. Ces effectifs devraient doubler au cours de l'été 2009. Le chantier mobilisera jusqu'à 80 archéologues pendant 22 mois (de septembre 2008 à juin 2010), pour un total de 15 000 journées de travail et un budget prévisionnel estimé à 10 M€, principalement financé par la redevance d'archéologie préventive acquittée par Voies navigables de France. Ce chantier recourra à d'importants moyens opérationnels (pour 4,1 M€, dont 3,1 M€ pour les moyens mécaniques).
Un centre de recherches archéologiques a été aménagé dans un ancien corps de ferme à Croix-Moligneaux (Somme). Situé au centre du tracé, il accueille l'équipe d'organisation et les équipes d'archéologues de terrain. Il comporte des espaces de stockage, des salles de traitement des vestiges, des bureaux d'étude, une plateforme de topographie et un plateau DAO-PAO, des espaces de réunion, etc.

Les premiers résultats des diagnostics archéologiques

Les observations et recherches anciennes établissent un potentiel archéologique important. Au printemps 2009, cinquante sites ont été détectés concernant des périodes allant du Paléolithique moyen au Moyen Âge, riches de vestiges de diverses natures (habitats, cimetières, parcellaires, lieux de culte, ateliers artisanaux...).

Les attentes scientifiques

Dans une seconde phase, des fouilles seront prescrites par le préfet de région afin d'approfondir les premiers résultats. Ces fouilles seront financées par VNF. Là où aucune fouille ne sera prescrite, les données des diagnostics seront les seules informations collectées sur le site.
Au début du XXe siècle, le creusement du canal du Nord, que le tracé du canal Seine-Nord Europe suit pour l'essentiel, avait notamment révélé la présence d'habitats de l'homme de Néandertal et un sanctuaire gaulois.
D'une manière générale, les recherches sur ces grandes surfaces pourront amener des découvertes fondamentales et des données inédites sur les occupations humaines ou l'évolution du paysage.
Aménagement : Voies navigables de France
Contrôle scientifique : Services régionaux de l'archéologie (DRAC Picardie et DRAC Nord-Pas-de-Calais)
Directeur du projet : Marc Talon, Inrap
Contact(s) :

Mahaut Tyrrell
chargée de communication médias
Inrap, pôle partenariats et relations avec les médias
01 40 08 80 24 - //mahaut.tyrrell [at] inrap.fr

Elisabeth Justome
chargée du développement culturel et de la communication
Inrap Nord-Picardie
03 22 33 40 54 - //elisabeth.justome [at] inrap.fr