Conférences
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Mis à jour le
07 mars 2016
Colloque
Héritages arabo-islamiques dans l'Europe méditerranéenne

Colloque international organisé par l’Institut national de recherches archéologiques préventives,
En partenariat avec Marseille-Provence 2013-Capitale européenne de la culture, le MuCEM et la Villa Méditerranée.
Du 11 au 14 septembre 2013, à Marseille, Villa Méditerranée et MuCEM.

Héritages arabo-islamiques dans l'Europe méditerranéenne - Archéologie, histoire, anthropologie
par Karine-Larissa Basset, CNRS

Le légendaire des Sarrasins ou des Maures, très répandu dans l'Europe de l'Ouest et du Sud, se présente en France comme un ensemble hétérogène de récits multiformes relatifs aux envahisseurs arabo-musulmans du moyen âge et aux traces qu'ils ont laissé dans le paysage, la toponymie, les cultures locales et les corps même de leurs « descendants ». Du point de vue d'une anthropologie des narrations historiques, la question se pose de la cohérence d'ensemble de ce corpus légendaire, aussi bien que des significations particulières qu'il revêt dans des configurations localisées.
Les vallées cévenoles, région à forte unité aussi bien spatiale que culturelle, puisque historiquement marquée par une adhésion massive à la Réforme, constituent un bon terrain d'observation de la dynamique du légendaire des Sarrasins qui s'y exprime de façon encore vivace et diversifiée.
J'ai choisi de l'observer en acte dans deux espaces distincts : la Vallée Française tout d'abord, en Lozère, où l'ensemble du légendaire historique est assez bien connu, grâce notamment à une collecte effectuée par Pierre Laurence (2004), la région du Vigan ensuite, sur le versant méridional des Cévennes, où j'ai mené quelques enquêtes ponctuelles depuis 1996.
En Vallée Française, le thème de la présence sarrasine se décline à travers des récits historiques véhiculant des mémoires identitaires plurielles et parfois concurrentes. Au Vigan, davantage qu'un débat autour de l'interprétation historique de l'événement, on observe la quête renouvelée de l'indice d'une présence, un légendaire de l'objet, de la trace et du signe dessinant une topographie précise. Dans les deux cas, les récits semblent bien se rejoindre dans la confirmation d'une énigme, dont le partage fonde une mémoire commune, et dont la recherche doit s'efforcer d'élucider le sens.
Karine-Larissa Basset est maître de conférence en histoire contemporaine à l'Université Pierre Mendès-France de Grenoble. Après une thèse d'anthropologique historique sur le légendaire sarrasin (Grenoble, CARE, 2006), ses travaux portent aujourd'hui sur la construction culturelle des territoires ruraux dans la France contemporaine.
Elle a publié notamment :
  • Avec M. Crivello, D. Nicolaïdis, O. Polycandriotti, Les échelles de la mémoire en méditerranée, Actes Sud/MMSH, 2010.
  • Aux origines du Parc national des Cévennes. Des précurseurs à la création, Florac, PNC/Clair de terre/GARAE, 2010.
 
Bibliographie :
  • Basset K.-L., 2006, Le légendaire sarrasin en France (configurations et histoire d'un contre-récit national, XIXe-XXe siècles), Documents d'ethnologie régionale - vol. 26, Centre Alpin et Rhodanien d'Ethnologie, Grenoble.
  • Joutard Ph., 1977, La légende des Camisards, une sensibilité au passé, Paris, Gallimard. Id. (dir.), 1979, Les Cévennes de la montagne à l'homme, Toulouse, Privat.
  • Van Gennep A., 1929, La formation des légendes, Paris, Flammarion.
Année :
2013