La fouille réalisée par une équipe de l’Inrap rue des Ponts-Chartrains, à Blois, a permis de documenter un campement de chasseurs-cueilleurs nomades du  Mésolithique.

Dernière modification
07 mars 2017

En janvier 2015, rue des Ponts-Chartrains, à Blois, lors de la fouille d’un site datant du Moyen Âge et de la Renaissance, des silex taillés préhistoriques ont été identifiés en nombre. Les premières observations ont permis d’établir qu’ils étaient présents au sein d’une formation sédimentaire ancienne liée aux débordements de la Loire. Ces éléments indiquaient qu’un ou plusieurs campements des derniers chasseurs-cueilleurs de la Préhistoire (Mésolithique) étaient conservés en ce lieu. Une seconde prescription archéologique a alors été émise et la fouille du site a été réalisée au printemps 2015.

Les objets du quotidien des derniers chasseurs-cueilleurs

Le Mésolithique est une période de la Préhistoire qui succède au Paléolithique supérieur et précède le Néolithique entre la première moitié du Xe millénaire et la fin du VIe millénaire. Parmi les objets du quotidien, ceux en silex tenaient une place prépondérante, un grand nombre d’outils à vocation domestique étant réalisés dans ce matériau (lames, grattoirs, burins, perçoirs…). L’armement de chasse était lui aussi composé en partie d’éléments en silex (armatures de flèches). Le site mésolithique de Blois a essentiellement livré des vestiges en silex mais plusieurs centaines de restes organiques carbonisés infra-centimétriques (ossements de faune chassée, coquilles de noisette et charbons de bois) ont également été collectés. Les objets confectionnés en matière végétale (hampes de flèches, arcs, nasses, paniers) ne sont qu’exceptionnellement conservés sur les sites archéologiques. Ils sont absents du site de Blois mais leur présence peut être au moins partiellement restituée grâce aux analyses tracéologiques des outils en silex (travail du bois, de la peau, activités de boucherie...).

Une méthodologie adaptée

La petite taille des silex mésolithiques rend la détection de ces sites difficile. Les méthodes de fouilles sont adaptées à cette spécificité. Les sédiments qui scellent les occupations sont prélevés au sein d’un carroyage métrique et tamisés à l’eau à travers une maille de 2 mm. Les objets collectés par ce biais sont localisés dans l’espace, afin de restituer la nappe de vestiges matérialisant le niveau archéologique. Chaque objet porte un matricule et ses caractéristiques sont inventoriées dans une base de données.

Des outils spécifiques

Les procédés de taille de silex sont documentés par une étude technologique. Leurs spécificités, qui ont grandement varié au cours de la Préhistoire, permettent de préciser que le campement date de la première moitié du Mésolithique. La production de lamelles constitue l’objectif prioritaire. Elles sont transformées sur place en armatures de flèche de très petit gabarit : des segments - nommées d’après leur forme géométrique. Une production de supports plus robustes, des lames, est menée en parallèle de la production lamellaire : elles sont également destinées à être transformées en armatures de flèches : des pointes à base retouchée. Les pointes à base retouchée étaient vraisemblablement fixée à l’extrémité de la flèche, les segments étant insérés latéralement pour créer des barbelures. Les déchets de taille, les éclats, ont été transformés en outils pour les activités domestiques. Ils ont été retouchés sur place en créant des parties actives spécifiques (biseaux pour les burins, fronts arrondis pour les grattoirs) ou ont été utilisés bruts (tranchants vifs pour découper). L’analyse tracéologique viendra compléter ces observations.

Perspectives de recherche

Les perspectives de recherche liées à la découverte du site mésolithique de Blois sont de plusieurs ordres : tout d’abord caractériser la nature de la ou des occupations (habitat, atelier spécialisé, halte de chasse), déterminer s’il s’agit d’un vaste campement ou de plusieurs occupations successives, apprécier l’étendue du territoire au sein duquel les groupes ont évolué par le biais de l’identification des origines géologiques des silex taillés, et enfin préciser la sphère d’influence culturelle à laquelle se rattache ce ou ces groupes mésolithiques.

Aménagement : Jacques Gabriel SA
Contrôle scientifique : Service régional de l’Archéologie (Drac Centre)
Recherche archéologique : Inrap
Responsable scientifique : Fiona Kildea, Inrap