Le projet routier de la RN 19 entre Morvillars et Delle (territoire de Belfort) a permis de mettre au jour plusieurs édifices de la période antique. C'est la première fois en archéologie préventive que de tels vestiges sont découverts dans le département.

Dernière modification
19 février 2016
De part et d'autre d'un ruisseau, La Batte, deux ensembles antiques et distants de 300 m se font face. Sur la rive gauche, les vestiges d'une villa romaine composée d'un bâtiment principal et de ses annexes ont été dégagés à proximité d'une résurgence. Installé sur une pente, le bâtiment principal possède des maçonneries bien conservées grâce aux colluvions qui suivirent l'abandon de la villa.

Orientée NE/SO, cette vaste habitation rectangulaire de 265 m2 possédait à l'origine six pièces. Elle était dotée d'une galerie sur ses façades est et ouest et d'une cave desservie par un escalier intérieur.
Son histoire est toutefois bien plus complexe : au cours des années, elle s'agrandit et subit maintes réfections pour atteindre plus de 595 m2 dans son état final daté de la fin du IIe ou du début du IIIe siècle de notre ère. L'édifice se composait alors de treize pièces ou unités, parfois pavées. L'une d'elles possédait un chauffage souterrain (hypocauste).
Au sud de la villa, les archéologues ont reconnu un grand bâtiment de 184 m2 dont seuls
subsistent 26 empreintes de poteaux de bois qui constituaient son soutènement, mais aussi leurs calages de
pierre agencées en couronnes. Cette structure, à laquelle était accolé un appentis, avait probablement
une vocation d'aire de stockage.
En contrebas, non loin de la résurgence, la maçonnerie d'un dernier bâtiment rectangulaire de 215 m2 a été identifiée.
Les trois bâtiments pourraient être ceux d'une importante exploitation agricole, avec résidence et structures d'exploitation. Une villa antique présente généralement trois unités distinctes : la résidence du maître (pars urbana), celle de la main d'oeuvre (pars rustica), les batiments agricoles (pars agraria).
Ce domaine agricole pourrait être toutefois bien plus étendu : sur la rive droite de La Batte, d'autres murs maçonnés, probablement d'origine antique, ne viennent-ils pas d'être mis au jour ?
Ces fouilles préventives ont pu être lancées rapidement et permettront donc de dégager l'emprise routière sans incidence sur le calendrier de la future mise en service de cette infrastructure.
Archéologue responsable d'opération : Sylvie Cantrelle, Inrap
Contrôle scientifique : Drac, service régional de l'Archéologie de Franche-Comté
Aménageur : DDE du Territoire de Belfort
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