La fouille de Marquion fait suite à un diagnostic mené durant l'hiver 2008, sous la direction de Denis Gaillard (Inrap).
Les tranchées de surface ont été complétées par une campagne de sondages profonds en novembre 2008.

Dernière modification
13 juillet 2016

Le site se trouve sur la partie haute d'un versant calcaire érodé et exposé au sud-ouest, et recoupe le territoire communal de Marquion au lieu-dit « L'Épine ».
La fouille a mis en évidence un lieu de sépulture occupé dès la fin de la période gauloise ; un enclos curviligne relié à un chemin abritait deux tombes gauloises particulièrement riches.

Sur les traces des élites atrébato-nerviennes

Le statut élevé des défunts, appartenant incontestablement à la sphère aristocratique, est perceptible par les assemblages des dépôts funéraires, avec la présence récurrente de landiers (chenets double) en fer dont les extrémités sont ornées de têtes de bovidés stylisées, de chaudrons en fer et en tôle de bronze, de seaux, de pinces de forgeron, d'éléments de parures (fibules en bronze et perles d'ambre), de nombreuses céramiques et d'importants dépôts de faune sous la forme de quartiers de viande. Il s'agit de chambres funéraires dont l'agencement, véritable mise scène, répond de toute évidence à des pratiques religieuses codifiées, ici particulièrement structurées et ostentatoires.

Une adresse connue pendant près de quatre siècles

Ce cimetière abritera les restes de défunts jusqu'à l'aube de l'Antiquité tardive. L'attractivité du lieu est perceptible par l'enfouissement sur une surface réduite, de l'ordre de 500 m², de plus de 150 sépultures. Elles répondent à une organisation évidente de l'espace, on les trouve ainsi regroupées en unités familiales réparties le long de trois ou quatre allées. Les pratiques funéraires sont variées et peuvent se résumer à de modestes dépôts d'ossements brûlés dans une urne ou directement posés sur le sol de la tombe, mais les offrandes funéraires sont parfois très importantes, très riches et disposées de manière originale. L'influence nervienne est perceptible par la présence de plusieurs tombes à hypogée, caractéristiques de la région de Bavay. Le mobilier funéraire est varié, comprenant plus de 500 vases en terre cuite et plusieurs centaines d'objets métalliques (fibules, monnaies, etc.).
Ce cimetière se trouve à la frontière des cités des Atrébates (Arras) et des Nerviens (Bavay) ; les enjeux qu'il suscite vont à l'évidence relancer les problématiques concernant la définition des influences de ces cités sur les communautés qui peuplaient ces zones de « lisières », aux marges des territoires des deux civitas.

Denis Gaillard et Gilles Prilaux (Inrap)