Un diagnostic vient d'apporter de nouveaux éclairages sur Lezoux (Puy-de-Dôme), l'un des plus importants centres de production céramique de l'Empire romain.

Dernière modification
10 mai 2016

La sigillée, une céramique au vernis rouge brillant, constituait l'une de ses plus notables fabrications. Ces nouvelles connaissances font de Lezoux un site majeur de l'archéologie européenne.

Des vases par millions

Bien qu'ils aient été fondés dès la fin du règne d'Auguste (14 avant notre ère), le succès des ateliers lézoviens ne se concrétisa qu'au début du IIe siècle de notre ère. Les sigillées étaient alors exportées, par centaines de millions d'exemplaires, dans tout le nord de l'Empire. Les formes des vases et les décors évoluèrent constamment. Ainsi, le moindre fragment retrouvé en Suisse, en Angleterre ou aux Pays-Bas est susceptible de fournir d'utiles renseignements, notamment chronologiques, un constant effort de recherche étant maintenu sur ces productions afin de les actualiser et de prendre en compte leurs contextes de découverte.

L'organisation des ateliers de Lezoux a été définie en 1988. Répartis en une dizaine de groupes, sur une superficie globale de 120 hectares, les ateliers représentent moins de 4 % du territoire communal. Quelques sites bénéficient d'une protection temporaire dans le cadre du plan d'occupation des sols, mais la plupart, implantés dans des secteurs urbains ou pavillonnaires, seront détruits.

Une zone restée inexplorée

Malgré le développement de la ville de Lezoux, les interventions archéologiques restent limitées. Aussi, la création du parc d'activités intercommunal entre Dore et Allier, d'une superficie de 53 ha, a donné l'occasion à une équipe de l'Inrap de réaliser un diagnostic archéologique en novembre et décembre 2008.

Cette vaste zone, qui regroupe plus d'une centaine de parcelles, était totalement inconnue en termes archéologiques, en raison de la présence de bois et de taillis. L'exploration de ces terrains a principalement permis de mettre en évidence deux espaces archéologiques.

Une forte activité au IIe siècle

Au nord-est, un lieu funéraire de la seconde moitié du IIe siècle a été détecté sur 150 m2, mais pourrait s'étendre sur une plus grande surface. Il comprenait 4 bûchers, 3 incinérations et des fosses annexes. Un très abondant mobilier céramique était associé au comblement des creusements. L'habitat en relation avec ces tombes n'a pu être localisé.
Au nord-ouest, à plus de 400 m, un atelier de poterie a été mis en évidence. Un grand four de plan elliptique, d'une largeur de 2,80 m, a été localisé et se classe parmi les plus grandes structures de cuisson de Lezoux. Le mobilier recueilli en surface et dans un sondage à proximité démontre qu'il s'agit d'un four à sigillée. Sur un peu moins d'un hectare et dans un rayon n'excédant pas 150 m à l'ouest de ce four, des vestiges, dont des zones de rejet et deux lieux funéraires, paraissent être en relation avec l'atelier de sigillée. Les données issues du diagnostic constituent une documentation de premier plan qui permet déjà de caractériser une production et de mettre en évidence des spécificités techniques. 

On savait déjà que des potiers, lors de leur essor extraordinaire au IIe siècle, avaient quitté les grands groupes de production situés à Lezoux pour fonder des ateliers ailleurs, et parfois loin, jusqu'en Allemagne. Pour la première fois, un atelier isolé est mis en évidence à moins d'1 kilomètre de ses grands concurrents. Dans le troisième quart du IIe siècle, il produit de la sigillée et les premières céramiques métallescentes. Il n'occupe qu'un espace restreint. Il n'a livré aucun indice d'activité pour les dernières décennies du IIe siècle. Les potiers étaient peut-être déjà partis s'installer beaucoup plus loin...