Dans le cadre de la réfection du sol de l'église, un diagnostic archéologique, réalisé en janvier 2003 lors de la dépose du dallage ancien, a permis de mettre au jour un dépôt de sculptures en pierre et en bois polychromes. Il est actuellement suivi d'une fouille. Les sculptures, contenues dans une fosse, soulèvent bien plus de questions qu'elles n'apportent actuellement de réponses.

Chronique de site
Dernière modification
26 février 2021

Hauts d'une quarantaine de centimètres, deux personnages ont été découverts à l'intérieur de l'église, dans une fosse, debout, côte à côte. Les têtes ont disparu, les bras et les jambes sont partiellement brisés. Toutefois, ils sont suffisamment complets pour que l'on puisse reconnaître en eux les représentations de deux saints.

Trois personnages en pierre polychrome

Le premier est sans nul doute saint Roch, patron des pestiférés. Revêtu d'une tunique bleue à manches courtes aux ourlets soulignés d'or, il relève son manteau rouge et présente son genou gauche dévoilant son bubon de pestiféré. Le culte de ce saint, né à Montpellier en 1295, mort le 16 août 1327, s'est propagé dès le XIVe siècle.
L'autre saint (ou sainte ?) n'a pas encore été identifié : sous un manteau rouge à l'intérieur blanc, il est vêtu d'une tunique bleue à manches longues, au col décoré d'un motif brodé. Il porte à la ceinture un cordon doré. Sa main droite mutilée semble tenir un livre ou un plat.
Un ange acéphale, haut de trente centimètres a été retrouvé brisé en deux près des saints. Le buste est revêtu d'une robe blanche à col bleu recouverte d'une chasuble. Le départ de deux ailes " à écaille " est conservé dans le dos. L'ange est en génuflexion, la main gauche posée sur le genou gauche. Il est peut-être à mettre en relation avec saint Roch. En effet, ce saint est souvent représenté accompagné de l'ange à qui il devrait sa guérison.
Plusieurs fragments de pierre recueillis dans la fosse permettront de compléter partiellement les sculptures. Un élément en bois sculpté polychrome, en très mauvais état de conservation et dont l'identification semble impossible, a aussi été retrouvé à quelques centimètres.

Des sculptures enfouies, mais dans quel but ?

Enfouies dans une cache, les statues affleuraient sous quelques centimètres de terre battue, dans une travée où le dallage avait pratiquement disparu. La cache (80 x 90 x 60 cm) était creusée le long d'un des murs latéraux. Pour quelle raison ont-elles été mises en terre ? Dans quelles circonstances ? À quelle époque ? Autant de questions que se posent les archéologues.

Ce dépôt de sculptures est volontaire. Elles ont fait l'objet d'une attention particulière lors de leur enfouissement (calage, etc.), mais aussi lors de deux inhumations plus tardives qui recoupèrent la cache à la fin du XVIIIe siècle : un fragment d'épaule droite du saint non identifié a maladroitement été remis en place à l'envers !
Quelles hypothèses s'offrent à nous ? Ces objets sacrés auraient-ils été soustraits des violences iconoclastes des Guerres de religion (1562-1598), de celles de la Révolution ? Décapitées lors de ces événements, auraient-elles été considérées comme trop dégradées pour être encore présentées aux fidèles et peut-être remplacées par de nouvelles ?
Il est aussi envisageable que ces saints n'aient plus été honorés, leur figuration reléguée au profit de celles d'autres saints. Démodées, les sculptures auraient alors été mises à l'écart au sein de l'espace sacré. Aucune réponse ne peut être avancée tant qu'historiens, archéologues, historiens de l'art n'auront pas confronté leurs points de vue.
Les statues sont aujourd'hui conservées en laboratoire (Arts et Bâtiment à Issoire) où elles font l'objet de contrôles réguliers. Elles seront prochainement livrées à l'étude et à la restauration.
Depuis plusieurs années, une campagne de restauration de grande envergure est engagée sur l'église Saint-Félix de Landos. Elle a consisté à consolider les voûtes, à restaurer charpente et couverture et porte actuellement sur l'intérieur de l'édifice. Cette opération a été financée par le Ministère de la Culture et de la Communication (Direction régionale des Affaires culturelles), le Conseil général de la Haute-Loire et le Conseil régional d'Auvergne.
Archéologue responsable d'opération : Philippe Arnaud, Inrap
Contrôle scientifique : DRAC Auvergne/Service régional de l'Archéologie et Conservation régionale des Monuments historiques
Aménageur : DRAC Auvergne/Conservation régionale des Monuments historiques
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