A Saint-Sauveur-des-Landes, Ille-et-Vilaine, le diagnostic (ou sondages) réalisé en 2010 avait mis en évidence la présence de plusieurs structures archéologiques témoignant d'une occupation du site à l'époque gauloise, sur une surface de plus de deux hectares.

Dernière modification
19 février 2016

La fouille permettra de restituer le plan complet d'une importante ferme gauloise mais aussi de comprendre l'évolution de ce site très dense.
L'équipe d'archéologues étudie également les raisons qui ont amené des Gaulois à s'installer dans cette zone particulièrement humide, et à ainsi gérer les écoulements des eaux grâce à un système de circulation complexe.

L'organisation générale de la ferme gauloise

Les archéologues ont pu mettre au jour les vestiges d'une importante ferme gauloise, habitée entre le IVe et le Ier siècle avant notre ère et dont la surface, à son expansion maximale, était d'au moins 1,5 hectare.
La ferme était clôturée par un fossé, d'environ 2,50 m de large pour 1,70 m de profondeur et sans doute bordée d'un talus. D'autres fossés, aménagés dans l'enclos, permettaient de compartimenter l'espace et de définir des zones fonctionnelles. Dans certaines d'entre elles, les archéologues ont repéré le plan d'un bâtiment à vocation artisanale ou servant à abriter les animaux (boeufs, cochons et caprinés) à la mauvaise saison. Six bâtiments de ce type ont été mis au jour au sein de l'enclos de la ferme de Saint-Sauveur-des-Landes
La maison d'habitation se distingue par ses grandes dimensions (60 m² au sol) et par son architecture très élaborée, qui lui permettait aisément de supporter un étage. Jouxtant la maison, deux petits greniers servaient à entreposer les céréales et autres denrées alimentaires. De nombreuses fosses, plusieurs puits et fours témoignent de la multiplicité des activités pratiquées sur le site.
La superficie de la ferme, la qualité de construction de la maison d'habitation, le nombre de bâtiments annexes et le mobilier (céramique, meules, etc.) mis au jour permettent de penser qu'il s'agissait d'une ferme relativement aisée pour l'époque.

Des vestiges remarquablement conservés

Le mobilier le plus abondant est la céramique qui témoigne d'un vaisselier diversifié comprenant des vases de stockage, des écuelles, des jattes et autres pots à cuire. Parfois retrouvées presque entières, en rejet dans les fossés, ces céramiques représentent plusieurs dizaines de kilos collectés, qui permettront aux archéologues de dater précisément le site et de reconstituer une partie de la vie quotidienne de cette époque. De nombreuses meules en granit témoignent également d'une activité de transformation des céréales en farine sur le site et donc d'une vie en relative autosuffisance, grâce à l'élevage et aux cultures. D'autres vestiges viennent compléter cet ensemble : des pesons utilisés sur les métiers à tisser, des aiguisoirs pour les lames, des outils métalliques. La découverte de quelques rares objets en métal (une épée et une pointe de lance) ainsi que des fragments de bracelets en lignite et en pâte de verre confirment le statut relativement aisé de cette ferme.
Alors que sur la plupart des sites gaulois qui ont pu être fouillés les éléments en bois ont disparu, ici l'abondance de l'eau a permis de retrouver des fragments en bois travaillés et enchevêtrés, provenant probablement de la paroi de la maison d'habitation (faite de clayonnage essentiellement en chêne). Un loquet de porte, également en bois, constitue une découverte exceptionnelle pour un site de cette époque.

À Saint-Sauveur-des-Landes, la conservation exceptionnelle des structures et du mobilier archéologique offre aux archéologues plusieurs opportunités de recherche. La phase d'études qui suivra la fouille permettra d'enrichir nos connaissances sur les pratiques quotidiennes des Gaulois, et notamment d'obtenir une image précise du mode de vie et de l'évolution de cette ferme au cours des deux ou trois siècles de son existence.