Une succession d'occupations anciennes a été fouillée avant l'aménagement d'une zac et d'un lotissement, au sud de Châteaugiron. Les vestiges, qui s'étendent sur une vingtaine d'hectares, présentent une densité exceptionnelle et permettront d'étudier l'évolution de ce terroir de la Protohistoire à nos jours.

Dernière modification
19 février 2016

Des prospections aériennes, suivies en 2006 de premiers sondages sur le tracé d'un gazoduc, avaient révélé l'existence d'enclos quadrangulaires, protohistoriques, gallo-romains et du haut Moyen Âge. Confirmant l'intérêt de ces vestiges, un diagnostic, réalisé en 2007, fut suivi de deux fouilles de 13 et 5 hectares, actuellement en cours de réalisation. Si les premiers vestiges remontent au Néolithique et à la Protohistoire ancienne, c'est au IIIe siècle avant notre ère (âge du Fer) que des occupations structurées se mettent en place. 

Une longue occupation rurale aux origines de Châteaugiron (Ille-et-Vilaine)
 

Un riche domaine gaulois

Les occupations gauloises, datées entre le iiie et le ier siècle avant notre ère, sont ceintes de fossés, constituant des enclos. L'un des fossés cerne une superficie de 1 500 mètres carrés et s'insère dans un enclos plus important. Au sein de ces espaces s'organise un important domaine : habitat, activités domestiques artisanales et agricoles, champs cultivés, pâtures. Un porche monumental et des fossés de plus de 2 mètres de profondeur et 3 mètres de large indiquent qu'il s'agit d'un domaine de riches propriétaires. Un abondant mobilier céramique est découvert sur ce site qui présente de nombreuses traces de réaménagement jusqu'au iie siècle de notre ère. À environ 200 mètres au nord de ces enclos, un habitat présente un plan identique mais les vestiges mobiliers sont plus modestes.

Un remarquable centaure antique

Au cours de l'Antiquité, les occupations se développent à l'emplacement même de la ferme gauloise, mais également en périphérie, sous la forme de nouveaux enclos. Si le statut de l'habitat antique n'a pas encore pu être défini, plusieurs éléments mobiliers témoignent d'aménagements entre le Ier et le IIe siècle, ainsi que quelques indices des IIIe-IVe siècles : une nécropole à incinération mais surtout une petite statue en bronze représentant un centaure, pièce remarquable et d'excellente facture, pour laquelle les comparaisons font défaut.

Des activités artisanales médiévales

Entre le VIe siècle et le Xe ou le XIe siècle, fermes ou hameaux se répartissent au sein de nouveaux enclos quadrangulaires réguliers, respectant les parcellaires antérieurs. À l'intérieur, s'organisent les habitations et les activités artisanales, avec, dès les VIIIe-IXe siècles, des espaces spécialisés (fours domestiques, stockage, traitement des céréales...). L'organisation de l'habitat semble présenter de nouvelles originalités qui restent à étudier, la fouille et les décapages n'étant pas terminés.

Comprendre l'évolution de l'homme et son environnement

Environ 1 500 ans séparent les premiers indices protohistoriques et le xie siècle, qui vit l'édification du château. L'objectif de cette fouille est donc d'étudier l'évolution des occupations, du Néolithique à nos jours et d'aborder celle des relations entre l'homme et son environnement : comment les populations ont aménagé leur territoire, comment elles ont géré leurs ressources, leurs déchets,... Les sociétés ont hérité de paysages qu'elles ont à leur tour façonnés puis transmis. Le site de La Perdriotais témoigne de ces héritages à travers la pérennité des axes qui ont structuré le paysage ces derniers millénaires. Ainsi, les limites de certaines parcelles du cadastre moderne reprennent celles d'il y a 2 000 ou 2 500 ans. Ainsi, l'implantation de ce nouveau lotissement constitue un nouvel épisode de l'histoire et de l'aménagement de ce territoire.

Un projet de film

Toutes ces questions très concrètes font écho auprès des aménageurs et des habitants de Châteaugiron qui s'approprient les découvertes, puisqu'ils « reviennent habiter sur le lieu même des origines de leur ville ». Dans le futur lotissement, les aménageurs et les élus ont souhaité garder des points forts des découvertes : noms des rues, sculptures, panneaux, publications.... De nombreuses actions de communications ont été menées par l'Inrap, en lien avec ses partenaires (service régional de l'Archéologie et ville de Châteaugiron) et se poursuivront en 2009, année du millénaire de la ville : ouverture du chantier au public, accueil des scolaires de la communauté de communes de Châteaugiron. Enfin, un film, en cours de réalisation, mettra en image la fouille à travers le regard croisé des habitants de Châteaugiron, des aménageurs, des enfants, des artistes...
Responsable scientifique : Isabelle Catteddu, Inrap
Prescription et contrôle scientifique : Service régional de l'archéologie, Drac de Bretagne
Aménageurs : Nexity foncier conseil, Giboire