À Laquenexy, Moselle, l'intervention archéologique a permis la mise au jour d'une occupation humaine diachronique, sur une surface de 5 030 m². Au moins un bâtiment d'habitat et sans doute une ou plusieurs annexes de type grenier sont attestés.

Dernière modification
14 juin 2016

Une occupation de la fin de l'âge du Bronze ou du début du Hallstatt

La ténuité des informations ne permet pas d'être plus précis. La densité et l'enchevêtrement des structures archéologiques liées à une occupation quasi continue depuis le Bronze final jusqu'au XVe siècle, ont certainement masqué ou fait disparaître une partie des vestiges protohistoriques.

Une villa gallo-romaine (Ier-Ve siècles)

Des aménagements en pierres, organisés autour de la cour centrale de la pars rustica (partie agricole), sont attribués au Bas-Empire : un bâtiment annexe, amorce d'un autre bâtiment à fonction indéterminée et une porterie assurant la séparation entre la partie agricole au sud et la partie résidentielle (pars urbana) au nord située hors emprise. À l'exception de huit fours rectangulaires, les hypothétiques bâtiments antiques sur poteaux, occupant la cour centrale, sont masqués par la forte densité de l'occupation médiévale. Toutefois, les études de poteries et monnaies gallo-romaines concordent pour dire que la villa est en activité du Ier à la fin du IVe siècle, voire au début du Ve. Après un temps d'abandon, le site antique est réoccupé dès l'époque mérovingienne, sous forme de constructions en matériaux périssables.

Une occupation dense durant le haut Moyen Âge (VIe-XIIe siècle)    

Elle consiste en une implantation groupée, au plan dense et composée exclusivement de bâtiments sur poteaux. Les constructions se concentrent à l'extrémité nord de la cour centrale de la pars rustica, en direction de la pars urbana très partiellement fouillée (porterie), et sont plus rares en périphérie immédiate.
Une trentaine de fosses, moyennes à grandes, localisées dans l'environnement immédiat des bâtiments, servaient à extraire des matériaux (argile et pierres calcaires) utilisés dans l'architecture mêlant torchis, pierres et bois.
Localisées en limite sud de fouille, deux structures de combustion excavées, associées à deux fossés drainants et à un alignement de poteaux, constituent un même ensemble attestant une volonté de regroupement de certaines activités domestiques.
L'étude de la céramique recueillie dans le comblement des structures, démontre que le site est occupé en continu du VIe au XIIe siècle.
L'hypothèse d'un habitat lâche et dispersé au début de la période médiévale (VIe-VIIe siècle) et qui s'est regroupé et densifié au-delà des limites de l'ancien domaine antique dans une phase suivante (à partir du VIIe siècle) peut-être émise. Cette implantation en matériaux légers décline au cours du XIIe siècle au profit, dès le XIIIe siècle, d'une ferme « en pierres ». C'est à cette période charnière que le hameau de Villers et le village de Laquenexy, tout proches, sont mentionnés pour la première fois dans les textes, au XIIe siècle pour le premier et au XIIIe pour le second. Ainsi, la fin de l'occupation du site au haut Moyen Âge a dû se faire au profit de ces trois nouvelles entités : village, hameau et ferme isolée.

Une ferme seigneuriale maçonnée (XIIIe-XVe siècle)

D'après les textes, l'étude du mobilier archéologique et une datation radiocarbone, cette ferme construite en pierres est occupée du XIIIe au XVe siècle. Son implantation sur un terroir occupé en continu depuis le Néolithique témoigne d'une qualité certaine des terres exploitées (terre fertile, bonne exposition, proximité de deux cours d'eau et du centre urbain de Metz...). Ce type d'exploitation agricole médiévale est encore peu connu tant au niveau régional qu'au niveau national.
La particularité de l'étude de la ferme de Laquenexy, dépendante d'après les archives de seigneurs messins, est d'avoir été appréhendée dans son intégralité, offrant ainsi une vision globale de son organisation (agencement et équipements des bâtiments) et de la vie quotidienne de ses occupants à travers le mobilier archéologique (poteries, objets métalliques, ossements animaux, graines carbonisées).
Construite en pierres calcaires locales liées au mortier de chaux et dotée d'une couverture en tuiles canal à crochet, elle se compose de deux bâtiments distants de moins de 40 mètres. Plusieurs foyers pour chauffer les habitants ou pour sécher les céréales, ont été découverts dans le bâtiment principal. De nombreuses poteries, pots, cruches ou terrines, présentent des formes proches de celles issues de la production potière des ateliers de Metz Pontiffroy. La céréaliculture et la viticulture sont bien représentées à travers les objets métalliques : faucille, enclumette à battre les faux, serpes et serpettes à douille. L'étude des graines permet de connaître les cultures faites dans cette ferme, avec la découverte de céréales (le blé, l'avoine et l'orge), de légumineuses (la vesce, le pois, la lentille et la féverole), de fruits (la noix et la noisette). L'observation des ossements animaux montre la prédominance du boeuf, suivi par la chèvre et/ou le mouton, le porc/sanglier, le cheval, la poule domestique, l'oie cendrée et le chien.