L'Inrap mène depuis plusieurs semaines une fouille à Bourguébus (Calvados) sur un important site de l'époque gauloise, en amont de la construction d'un lotissement par Creadimm. Repéré par photographie aérienne dès 1995, le site avait fait préalablement l'objet de diagnostics (sondages) ayant confirmé la présence de vestiges gaulois des Ier et IIe siècles avant notre ère. Prescrite par l'État sur une surface de trois hectares l'opération a permis de révéler le plan d'une véritable forteresse gauloise.
Dernière modification
10 mai 2016

Une occupation qui se distingue par ses dimensions

Une occupation qui se distingue par ses dimensions
Les archéologues ont pu révéler les dimensions de puissants fossés délimitant la place forte dont les plus importants atteignent 4 m de profondeur pour plus de 6 m de large. Ces ouvrages sont d'autant plus impressionnants qu'ils ont été creusés dans la roche sur plusieurs centaines de mètres de longueur. Un imposant rempart de plusieurs mètres de hauteur situé à l'arrière du fossé d'enceinte complétait le dispositif et décourageait ainsi toute tentative de prise du site par la force. Le rempart était percé en son centre d'une imposante porte surmontée d'une haute tour et donnant sur un pont en bois enjambant le fossé.
Les photographies aériennes ont mis en évidence le déploiement du site au-delà de l'emprise de la fouille et du futur lotissement. Peu de sites gaulois de telles dimensions sont connus en France ; néanmoins, les quelques rares exemples ayant pu être étudiés (Paule dans les Côtes-d'Armor ou Batilly-en-Gâtinais dans le Loiret) montrent que la superficie de ce type de place forte pouvait atteindre 20 hectares, soit celle d'une petite ville de l'époque. 

La dimension aristocratique du site

Les archéologues interprètent ce type de sites comme de véritables résidences aristocratiques, véritables châteaux dans lesquels vivaient le seigneur et sa cour. Au-delà de sa puissante fortification, ce caractère se manifeste également par la découverte de céramiques luxueuses, d'une lance et d'un fourreau d'épée. Plusieurs fragments de crânes humains, reliques précieuses d'ancêtres glorieux ou d'ennemis vaincus qui devaient trôner à l'entrée de l'enceinte, ont également été mis au jour.
Ces places fortes étaient vraisemblablement le siège d'un vaste territoire constellé de domaines agricoles. Ces fermes sont particulièrement bien connues dans la périphérie caennaise puisque les différentes fouilles menées par l'Inrap depuis plus de 20 ans sur un secteur entre les communes de Mondeville et de Fleury-sur-Orne ont permis d'étudier environ une quinzaine de ferme gauloises. Ces études ont permis de restituer un véritable maillage de ce territoire, paysage très densément occupé et intensément exploité avec au moins une ferme tous les 200 mètres.

L'opportunité de cette opération

Ainsi, loin des clichés véhiculés par les auteurs classiques et repris par certains programmes scolaires entre la fin du XIXe et le début du XXe siècle faisant des Gaulois un peuple de sauvages hirsutes vivant dans les bois, cette découverte ? ainsi que les sites déjà mis au jour dans la campagne caennaise alentour ? témoigne de la complexité de ces sociétés et de leur organisation, tant du point de vue technique, économique que politique. Ce site viendra certainement enrichir les connaissances sur cette époque de l'âge du Fer dans la région.
Aménageur : Société Van Gogh
Contrôle scientifique : Service régional de l'Archéologie de Basse-Normandie
Recherche archéologique : Inrap
Responsable scientifique : Anthony Lefort, Inrap
Contact(s) :
Mélanie Scellier
Chargée du développement culturel et de la communication
Inrap, direction interrégionale Grand Ouest
02 23 36 00 64 - 06 71 04 59 92
melanie.scellier [at] inrap.fr