En amont du projet d’aménagement d’un lotissement au lieu-dit « Chemin des Bels » sur la commune de Massongy, en Haute-Savoie, une équipe d’archéologues de l’Inrap réalise, sur prescription de l’État (Drac Auvergne – Rhône-Alpes), une fouille depuis le 23 mai et jusqu’à mi-septembre 2018. 

Dernière modification
09 juin 2021

D’une surface d’environ 6 000 m2, cette opération archéologique porte sur des habitats du Néolithique (allant de 3900 à 3000 ans avant notre ère) et de l’âge du Bronze (vers 1000 ans avant notre ère). C’est la première fois qu’un site d’habitat et artisanal du Néolithique moyen (vers 3900 ans avant notre ère) est fouillé sur la rive française du lac Léman.

Dans le cadre de cette fouille, la mise au jour d’un monument cultuel constitué d’une pierre à cupules entourée de dalles sculptées sur champ constitue une découverte rare. Ce monument a d’ailleurs sans doute connu plusieurs phases d’utilisation entre 3 900 et 1 000 ans avant notre ère. Dans le secteur, trois pierres à cupules avait dèjà été découvertes et  répertoriées à Massongy, à Anthy-sur-Léman et à Messery, mais c’est la première fois, qu’une telle pierre est retrouvée en contexte, associée à d’autres dalles dressées et dont les périodes d’occupations vont pouvoir être analysées.

Des villages du Néolithique et de l’âge du Bronze

À Massongy, la période d’occupation la plus dense est datée du Néolithique moyen au Néolithique final avec une succession d’habitats allant de 3900 à 3000 ans avant notre ère. De très nombreuses traces de poteaux permettent de constater combien la densité des maisons était importante. Après une longue période d’abandon, une grande zone artisanale composée de nombreux fours, liée là encore à un village, se met en place à l’âge du Bronze, vers 1000 ans avant notre ère.

Cette opération de Massongy fait partie d’un vaste ensemble d’interventions débutées en 2009 à Chens-sur-Léman et ayant permis d’identifier de nombreux habitats du Néolithique moyen, vers 3900 ans avant notre ère et de l’âge du Bronze entre 1500 et 700 ans avant notre ère.

Une zone cultuelle et funéraire

À côté de ces habitats multiples, une zone cultuelle et funéraire s’est développée. Elle se focalise autour d’une grande dalle de pierre sculptée de 3 m de long et de 50 cm d’épaisseur. Elle est parsemée de très nombreuses petites cavités creusées appelées cupules qui forment des groupes de trous sur le dessus et sur les côtés. Autour, de nombreuses petites dalles sur champ était posées, dont plusieurs étaient sculptées de motifs, là encore de cupules mais aussi de lignes incisées. Cet ensemble monumental connait sans doute plusieurs phases entre 3900 et 1000 ans avant notre ère.

Plusieurs tombes se trouvent dans le même secteur. Il s’agit de quatre inhumations dont deux entourées de dalles : une tombe de femme avec un collier en perles d’ambre et une autre qui comptait cinq vases, datée du Bronze final (vers 900 ans avant notre ère). Les deux autres tombes sont en fosse dont une de bébé avec des blocs de calage et une dalle de signalisation sur la couverture.

Plus tardifs, deux dépôts secondaires de crémation en fosse, l’un datant de la fin de l’âge du Bronze (vers 700 ans avant notre ère) et l’autre datant de l’Antiquité ont été fouillés.

Aménagement : Particulier
Contrôle scientifique : Service régional de l’Archéologie, Drac Auvergne – Rhône-Alpes
Recherche archéologique : Inrap
Responsable scientifique : Eric Néré, Inrap