Histoire du sel : Moyen Age Modes de production
L'amélioration des techniques d'extraction
À partir du Moyen Âge, la technique d'extraction de l'eau des puits salés s'améliore. L'eau est sortie du puits à l'aide d'une fourche à balancier, la fourca, dotée de bras inégaux et d'une tige de bois terminée par un crochet auquel on attache un seau. Un mouvement de bascule permet d'atteindre l'eau et de remonter le seau rempli. Mais cette technique fort ancienne est peu productive. L'ensemble de ce système technique, appelé galgo ou griau ou encore cigogne, est abandonné dans les salines lorraines au début du XVe siècle et en Franche-Comté dans la première moitié du XVe siècle. Le système est amélioré, surtout grâce à la multiplication des engrenages qui permettent de démultiplier les forces et les distances. C'est désormais une roue faisant tourner une chaîne sans fin équipée de godets qui extrait l'eau des puits. On appelle ce dispositif patenôtre à Salins (Jura), paternoster à Reichenhall (Allemagne). Mais c'est encore à la force humaine que l'on recourt pour actionner l'ensemble. Sortie du puits, l'eau salée est ensuite dirigée vers les bâtiments de fabrication du sel par des conduites de bois ou des canaux. Là se trouvent les poêles à sel posées sur des foyers, qui servent à évaporer la saumure que l'on appelle la muire.
- Le griau ou gréal, mécanisme probablement le plus ancien semble encore parfois fonctionner au XVIIIe siècle.Le griau ou gréal, mécanisme probablement le plus ancien semble encore parfois fonctionner au XVIIIe siècle. C'est une perche à balancier pourvue d'un seau qui plonge dans le réservoir d'eau et d'un contrepoids qui permet de le faire remonter une fois rempli. Dessin extrait de : Sr Dorval, Mémoire ou description topographique des salines de Salins, 1756.© Médiathèque de Dôle, Ms 331 bis
- Salines de Salins-les-Bains (Jura) : roue hydraulique, en dessus et à augets, du puits d'Amont.Salines de Salins-les-Bains (Jura) : roue hydraulique, en dessus et à augets, du puits d'Amont.© Cl. M. Paygnard, Musées des techniques et cultures comtoises
- Salines de Salins-les-Bains (Jura) : voûte du puits à Muire (petite saline). Sans doute le plus ancien de tous les puits.Salines de Salins-les-Bains (Jura) : voûte du puits à Muire (petite saline). Sans doute le plus ancien de tous les puits.© Cl. M. Paygnard, Musées des techniques et cultures comtoises
Le saviez-vous ?
Salines
Au Moyen Âge, on désigne les marais salants sous le terme de « salines ». Le verbe saliner désigne l'action de produire du sel, le salineur ou salinier est un fabricant de sel ou, dans le Midi, un marchand de sel. C'est à partir du XVe siècle que le mot « salin » désigne à la fois le magasin de sel et le marais salant (d'après M. Lachiver, Dictionnaire du monde rural, Paris, 1997).
Poêle
Au Moyen Âge, les poêles à sel sont dénommées patella, pelle, paelle, panna, sartago, ineum (de aenum, « chaudière de cuivre »). Les appellations sont nombreuses d'une région à l'autre
La dernière poêle à sel
À Salins-les-Bains (Jura), la dernière poêle à sel, installée à la fin du XIXe siècle, a fonctionné jusqu'en 1962, date de fermeture du site. Le site a été classé par l'Unesco et un projet de réhabilitation a vu le jour. Pour restaurer la poêle à sel conservée in situ, il a fallu faire un diagnostic précis de son état physique et chimique, avant d'entreprendre le nettoyage, la consolidation et la préservation de l'objet dans sa structure support, qui a aussi été réparée. Ce travail s'est étalé sur plusieurs années.
Muire
La muire désigne l'eau salée que l'on tire du puits pour en extraire le sel. Dans les salines, le terme désigne l'eau saturée de sel, obtenue après évaporation.