Histoire du vin : Moderne et contemporain Mythes et religions

Les saints protecteurs de la vigne

Saint Vincent, saint Paul, saint Urbain, saint Victor, saint Vernier, saint Didier, saint Martin, saint Morand... Pas moins d'une trentaine de figures saintes sont réputées oeuvrer pour la protection de la vigne et du vin.

Cette grande diversité trouve son origine dans l'hagiographie des martyrs, où le vin est souvent assimilé au sang versé. Cependant l'adoption d'une figure de culte par les vignerons peut être liée à la vie du saint elle-même, telle que la rapporte la légende : selon les vignerons de la région de Tours, par exemple, c'est saint Martin qui aurait introduit la culture de la vigne dans le val de Loire, et son âne aurait même découvert le principe de la taille en broutant une vigne ! Au fil de l'année, différents saints peuvent être invoqués à des moments critiques pour la végétation de la vigne : saint Morand, célébré le 3 juin, est ainsi sensé protéger des gelées tardives et favoriser une bonne floraison.

Au XXe siècle, le culte de saint Vincent sera le plus répandu. Il semble avoir son origine en Île de France, où les viticulteurs dépendaient autrefois de l'abbaye éponyme, devenue par la suite Saint-Germain-des-Prés. Après quoi il se serait étendu à d'autres vignobles.

Les fêtes des vendanges

Les fêtes des vendanges sont issues d'une longue tradition et relèvent de coutumes religieuses ou profanes qui tendent à disparaître de nos jours. Selon les régions, elles prennent des formes différentes et mettent en scène le raisin. En Auvergne et en Velay, les vendangeurs, filles et garçons, se barbouillaient ainsi le visage, tandis que dans le Messin et dans la Brie, ils se livraient à de véritables batailles rangées. Dans d'autres régions, les filles étaient souvent les cibles de ces farces rituelles. D'après l'ethnologue folkloriste français Van Gennep (1873-1957), ces fêtes étaient l'occasion d'initier les nouveaux venus ou de pénaliser les vendangeurs négligents. Partout en France, jusqu'à la veille de la Première Guerre mondiale, dès la dernière grappe récoltée, les vendangeurs accompagnaient en un cortège bruyant et désordonné la voiture transportant le raisin. Partout, les communes viticoles organisaient des fêtes de clôture des vendanges autour d'un repas collectif.

Ces célébrations n'ont pas totalement disparu, elles connaissent même un regain d'intérêt auprès du grand public : en 2009, la fête des vendanges de Montmartre, à Paris, aurait attiré une foule de 350 000 spectateurs !